mardi 25 juillet 2017

Ich lieb dich, moi non plus

Quasi-inséparables depuis que la Française est entrée en fonction, Florence Parly et Ursula Van Der
Layen portent, comme ce blog a déjà pu le signaler, quelques espoirs de redonner un peu de marge de manoeuvre à la défense française (qui en a besoin, et pas que pour la fin de gestion 2017). Mais à l'allemande, tout reste aussi, souvent, très compliqué.

Au Sahel, les Français ont soutenu dès le départ les deux C-160 allemands servant au soutien des troupes à Gao. Ces avions sont basés à Niamey, loin du risque roquettes qui perdure sur la base malienne. L'armée de l'air assure l'hébergement des Allemands, leur alimentation, et quelques autres menus services, comme le soutien des Transall. Il est prévu que les Allemands investissent dans la pierre, mais l'érection a pris un peu de retard.
En retour, les Transall allemands, qui étaient pourtant là dans le cadre de la Minusma, sont un peu sortis des clous pour évacuer des blessés de Barkhane. Trois cas s'étaient présentés, à la date de mon dernier recensement (mars dernier). Les Allemands présentent l'avantage de posséder sur place un Transall instrumenté pour évacuer des blessés intubés, ce que la France n'a pas : elle n'aligne que deux Casa 235 bien plus modestement équipés.
Au Niger, c'est donc gagnant-gagnant. Même si les deux entités, françaises et allemandes ont chacune leurs missions et leurs appareils, c'est un embryon de ce que les deux pays doivent faire avec le C-130 à Evreux d'ici quelques années. Et le plus tôt sera le mieux, pour les deux partenaires.
Au Mali, c'est plus compliqué. Depuis des années, et notamment depuis le Bataclan, la France avait demandé à ses alliés de prendre le relais dans les zones de terrorisme pour des missions de lutte contre le terrorisme (1), ce qui n'est pas à proprement parler, il faut le rappeler, le mandat de la Minusma.
Sans vraie surprise, l'action des Allemands de Gao n'est donc pas archi-vigoureuse dans ce domaine.
Même si la présence d'Allemands en Afrique, aussi au sud (ce qui n'était pas intervenu depuis la période coloniale) est une inflexion dans la politique allemande.
Seulement, les sorties de la FOB manquent de régularité et de profondeur, les hléicoptères Tigre et NH90 n'ont pas non plus la forme. Il y a cette sacrée poussière qu'on ne trouve pas en général dans les opex allemandes dans le sud-Bavière. Et évidemment, ces pièces qu'on a oublié de commander.
A cet égard, 0-0 la balle au centre, les soucis de MCO sont les mêmes des deux côtés du Rhin.
Les Allemands sont aussi venus avec des moyens de renseignement, des drones Heron dont le bruit de moteur à tondeuse énerve les habitants survolés, qui ont l'impression d'être des rats de laboratoire. Problème, on le sait, le Heron n'est plus tout jeune, et pour y voir quelque chose, il ne faut pas voler trop haut...
Quel tableau montrera-t-on au coupe franco-allemand ? Celui qui marche ? Celui qui... peut mieux faire ?

(1) il faut le rappeler, lorsque la France a invoqué la solidarité européenne après les attentats de 2015, aucun pays n'a  fourni de capacité, contrairement aux storytellings gouvernementaux de l'époque. L'Espagne avait notamment promis de remplacer la France au sein de Barkhane. Le maintien de la France à poste a coûté des vies, des blessés... et des centaines de millions d'euros. Tout en contribuant à sur-user le matériel.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.

Un de deux C-160 allemands à Niamey, en mars dernier. Photo JMT