mercredi 19 juillet 2017

François Lecointre, l'homme qui tombe à pic

Alors que le président a perdu des points dans le coeur des militaires ces derniers jours, et qu'il
continue à manquer 850 MEUR dans le P146 cette année, François Lecointre est l'homme parfait. Insondable, parfois traversé par un sourire de sphynx, ce marsouin ramène à d'autres époques, qui avait vu l'infanterie de marine truster les bons postes, dont celui de CEMA.
Il est fils de sous-marinier, rappelle ce site : son père, Yves Lecointre, a commandé l'équipe rouge du SNLE Le Redoutable.
Sa légitimité est évidente dans la troupe, avec une biographie opérationnelle longue comme le bras, qui l'a emmenée du Golfe au Mali, en passant par le pont de Vrbnja, en 1995.
A l'époque, le capitaine mène ses troupes du 3e RIMa. Il y perdra deux hommes, son adjoint, Bruno Helluin, sera blessé. Le pont sera repris. L'homme n'a pas cultivé de gloriole pour ce commandement d'hommes. Lors d'un numéro spécial consacré aux opex sur lequel je planchais (Raids 300), il avait explicitement tenu à ne pas se mettre en avant, renvoyant aux témoignage de ces hommes.
Mais François Lecointre connaît aussi parfaitement les rouages supérieurs. Perçu à une époque comme une des jeunes turcs de l'armée de terre, un des rédacteurs d'Inflexions (il siège encore au comité de rédactions), il aura patiemment mais sûrement coché toutes les cases menant au généralat. On le retrouve avant la phasé étoilée au cabinet du ministre de la défense (sous Morin). Il était encore, ces dernières heures, chef du cabinet militaire d'Edouard Philippe qui perd donc une de ses valeurs sûres.
A Matignon, on mène la politique de défense (art 20 de la consitution) mais on est aussi au coeur des opérations. C'est le Premier Ministre qui décidera d'abattre un avion au comportement jugé dangereux. C'est le Premier ministre qui donne le vert pour araisonner les bateaux suspects, il est au coeur des plans d'urgence.
Bref, pas un poste de pré-retraité.
Sa nomination comme CEMA amène une situation peu courante : à 55 ans, il va commander des chefs d'état-majors d'armée plus âgés. Christophe Prazuck aura 57 ans le 11 octobre, Jean-Pierre Bosser, 58 le 14 novembre. Seul André Lanata est plus jeune (55 ans le 10 octobre).
Comment ces chefs d'états-majors vont-ils apprécier la réalité budgétaire de 2017, et la crise qui vient de se dérouler ? D'autres képis vont-ils rejoindre la table ?


Mes infops et photos sur le twitter @defense137.

Avec Edouard Philippe, en visitant une base aérienne de la Haute-Marne. Photo Jean-Marc Tanguy.