jeudi 31 mai 2012

Le GSPR rabioté de plus d'un tiers

Les effectifs du GSPR vont être réduits "à moins de 60" personnes, annonce ce soir un communiqué de l'Elysée, confirmant la nomination de Sophie Hatt à sa tête, adjoint d'un lieutenant-colonel du GIGN.
Les effectifs du GSPR ont culminé à 93 policiers, rappelle ce texte, qui annonce une "réorganisation du fonctionnement".
A ce stade, on ne chiffre pas encore la participation de la gendarmerie. Elle pourrait être limitée à une vingtaine de militaires, afin de prendre en compte les missions assurées par ailleurs par le GIGN au profit du quai d'Orsay. Il y a encore quelque semaines, cette unité a fourni une dizaine de ses membres pour sécuriser, au pied levé, l'ambassade de France au Mali. Des Français potentiellement menacés ont été mis en sécurité, à cette époque par les gendarmes.
Des missions ont également été assurées en Libye, en Afghanistan et en Côte d'Ivoire, en 2011: le drapeau du GIGN a d'ailleurs reçu une CVM pour ces différentes missions assurées l'an dernier.

Entretiens stratégiques à Shangri-La

Pour la première fois depuis juin 2008, un ministre  français de la Défense participera aux entretiens de Shangri-La, à Singapour. L'agenda de Jean-Yves Le Drian n'a dû avoir aucun mal à se remplir, du fait de ce retour français, et de l'attractivité naturelle d'un nouveau ministre. Le Français s'exprimera dimanche en trio, avec ses homologues singapourien et néo-zélandais, sur un thème riche, les "risques émergents pour la sécurité en Asie-Pacifique.
Rappelons que la France conserve dans cette zone deux bases militaires, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie... et de nombreux partenariats stratégiques, doublés d'intérêts économiques.
JYLD assurera également une série d'entretiens bilatéraux, samedi et dimanche. Il doit rencontrer notamment ses homologues australien, thaïlandais (samedi), indien et coréen (dimanche), ainsi que le Premier ministre singapourien (samedi).

mercredi 30 mai 2012

Double révolution au GSPR

Pour la première fois, la protection présidentielle (GSPR) va être commandée par une femme, le commissaire divisionnaire Sophie Hatt, qui commanda la protec du Premier Ministre (GSPM). Comme la plupart des femmes travaillant en protection rapprochée, celle-ci est précédée d'une très bonne réputation opérationnelle.
L'alternance politique consacre aussi le retour des gendarmes au GSPR, dont ils avaient été évincés sans trop de classe, en 2007.
Le lieutenant-colonel de gendarmerie qui prendra le commandement de la composante gendarmerie a lui aussi  une très bonne connaissance de la protection rapprochée. Il devait quitter le GIGN à l'été, il reste donc dans la bulle plus longtemps que prévu, mais à un poste différent.

Sur l'agenda de JYLD

En 50 minutes chrono, le nouveau ministre de la Défense vient de résumer ce que serait la politique du mandat qui lui a été confié par le chef des armées. L'exercice, assez convenu, s'est tenu devant 38 journalistes, et une dizaine de caméras de télés. Il y a un peu de tout : établir une nouvelle relation avec la presse (1), remettre à plat le dossier drone intermédiaire (2), lancer un nouveau livre blanc et une LPM d'ici l'été 2013. Une "mission spécifique" va aussi se pencher sur la judiciarisation des affaires militaires. Le ministre s'est dit préoccupé par ce sujet.
Le calendrier de retrait d'Afghanistan promis sous 10 jours lors de la visite présidentielle à Kaboul, sera finalement consolidé d'ici la fin du mois de juin. En bon breton, il attend aussi le prix le plus bas disponible pour évacuer le dispositif français d'Afghanistan (3).
Répondant à l'interpellation d'un collègue, Jean-Yves Le Drian a aussi dit sa préoccupation sur le sujet sahélien, reprenant les inquiétudes déjà exprimées sur ce qui peut vite devenir un Afghanistan africain, avec son centre de formation de terroristes (déjà), sa source de revenus illégaux, comme le kidnapping et le narcotraffic (déjà) et ses guerres tribales (à venir).

(1) Jean-Yves Le Drian s'est interrogé tout haut sur l'intérêt d'un point presse hebdomadaire. Les journalistes aussi... s'il fallait rester sur l'exercice un peu insipide qu'il est devenu. Seul le point" opérations" conserve, de fait, de l'intérêt, pour les derniers rubricards à suivre l'exercice.
(2) le ministre n'exclut plus rien, affirme vouloir agir "sans passion et avec pragmatisme" et promet une date à laquelle une décision sera prise, au plus tard le 14 juillet.
(3) le moins cher, tout le monde l'oublie, c'est le... train, mais il traverse toute l'ex-URSS, et il faut amener le matériel jusqu'à la "gare", dans le nord de l'Afghanistan.

mardi 29 mai 2012

The jumpin' ambassador

Charles Rifkin, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, sautera sur la Normandie, le 3 juin, depuis un C-130 Hercules. Son saut sera réalisé avec les Golden Knights, unité de présentation de l'armée américaine.
Les chuteurs se poseront sur une DZ fréquentée 68 ans plus tôt par la 82nd Airborne, une des deux divisions aéroportées américaines qui participa aux largages du D-DAY en Normandie.
Au total, 300 parachutistes sauteront ce jour-là, issus des armées britannique, néerlandaise, allemande et française.

Le chef des armées acclamé à Percy


Une brève allocution, avant de partir, pour remercier les personnels (photo Jean-Marc Tanguy).

Le président de la République a été littéralement acclamé cet après-midi lors d'une visite aux blessés, à Percy. Soignants et soignés se pressaient sur les passerelles, dans les étages, pour voir l'impétrant, qui s'est engouffré dans le service d'orthopédie, où il a pu rencontrer deux blessés (un lieutenant, un brigadier). François Hollande s'est dirigé ensuite vers la rééducation, où il a croisé quatre autres blessés (un lieutenant-colonel, un sergent et deux caporaux. Il a pu retrouver un blessé au bras du 27e BCA (suite à une manipulation d'arme), rapatrié ce vendredi, dans l'Airbus présidentiel.
Le président a terminé son périple par la psychiatrie, avant de prononcer un bref discours en public.
Toute sa visite a été faite sans la presse, comme il le souhaitait, pour préserver les blessés.
Le cortège présidentiel a ensuite retrouvé la circulation de la bonne ville de Clamart, sans gyro, ni griller les feux de circulation.

Des journalistes mécontents et qui le disent

Bronca à l'Elysée. Pas moins de trois associations de journalistes (1) ont protesté, vendredi, par lettre, visant les choix du nouveau conseiller presse de l'Elysée. Une copie de la lettre a aussi été envoyée au président lui-même, et une autre pourrait être exploitée par la presse du mercredi.
Il est reproché à Christian Gravel, un proche de Manuel Valls, d'avoir privilégié, pour le récent déplacement du président en Afghanistan, des journalistes qui ont suivi le candidat Hollande pendant sa campagne. Au détriment de journalistes plus aguerris sur les sujets afghans.
De telles agitations avaient déjà parcouru la presse de défense, lors de déplacements à l'étranger du précédent ministre de la Défense.

(1) association des journalistes de défense, presse diplomatique, presse élyséenne.

Les grimés du 14 juillet (suite)


Après s'être succédé sur les Champs Elysées en ordre dispersé, ces cinq dernières années, l'essentiel des forces spéciales françaises devrait défiler ensemble en 2012. On annonce notamment la présence du 1er RPIMa, du CPA10 et des marins, membres historique du COS, qui fête ses 25 bougies en juin. Même des vénérables P4 Patsas pourraient être de la partie, peut-être pour susciter un appel aux dons pour financer la relève de la relève : les VPS, assez rincés par les sables, dit-on (1).
Le carré retenu pourrait être cependant être assez réduit, chaque unité fournissant une escouade et un total de 9 VPS. A l'instar du carré fourni l'an dernier par les trois CPA, les pilotes de 2000D, du Poitou et de Caracal, parmi les plus applaudis.

(1) le magazine RAIDS de juin examine précisément ce point.

lundi 28 mai 2012

L'A400M termine des essais sur herbe

L'A400M sur tapis vert (photo Airbus Military).

L'A400M a terminé sa première série d'atterrissages sur terrain sommaire, à Cottbus, à la frontière germano-polonaise, vient d'annoncer Airbus Military. La société explique que ces premiers tests vont désormais être analysés avant les prochains, prévus, selon nos informations, au Burkina-Faso, à l'automne.
A ce stade, Airbus n'a pas commenté plus avant les soucis intervenus la semaine dernière sur le MSN2, lors d'un de ces essais (1). Le train d'atterrissages principal gauche s'était en effet assez profondément enfoncé dans l'herbe, créant des tranchées, comme le C-130 le fait sur ce type de sol, car sa masse est assez mal répartie (contrairement au Transall). Sol trop mou, avion trop lourd, la réponse intéresse, comme je l'ai expliqué plusieurs fois, le client français, qui aime bien poser sur l'herbe. A ce stade, vu le manque d'informations sur les conditions de l'essai, il est difficile de se faire un avis.
Le MSN 2 avait quitté Toulouse le 22 mai, pour une campagne qui devait durer une semaine.
A ce stade, la flotte de prototypes a généré 1.100 vols pour 3.200 heures. 

(1) Airbus Military indiquait alors travailler à la compréhension de l'évènement, évoquant un incident mineur. Plusieurs posers du MSN2 s'étaient déroulés sans problème dans cette même zone auparavant, assure l'industriel. Des photos sont visibles ici.

Deux crashs en RC-East ce lundi (actualisé-1)

Un crash d'hélicoptère et un d'un autre aéronef sont intervenus aujourd'hui en RC-East. Le premier a fait deux morts parmi les occupants, l'autre n'a pas généré de victimes. Pour l'un, comme pour l'autre, l'ISAF n'indique ni le type ni la nationalité de l'hélicoptère et de ses occupants.
Mais elle précise qu'il n'y avait pas d'activité ennemie à proximité au moment du crash
Le dernier crash, intervenu le 16 mars, avait tué 12 soldats turcs, dans l'accident de leur hélicoptère.

Thales en Afrique du sud

Ce n'est pas forcément le contrat du siècle, mais en Afrique du Sud, il est symbolique : Thales vient de gagner un contrat avec le sud-africain Armscor. L'industriel français, qui a dû faire face ces dernières années à de multiples accusations de corruption dans ce pays, remporte un marché global pour le MCO d'équipements avioniques de l'armée sud-africaine. Pêle-mêle, les suites Topdeck installées en rétrofit sur les C-130BZ, l'avionique de quelques hélicoptères Rooivalk et des avions d'entraînement Hawk (Tofight), et celle des hélicoptères de la marine, des Super Lynx.

dimanche 27 mai 2012

Saut 5 étoiles

(photo JM Tanguy)
Surprise pour l'équipe para de l'armée de l'air, ce dimanche midi, à la Ferté-Alais : c'est leur CEMAA, le général Palomeros qui les attendait en bas, au milieu des plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. L'équipe, qui vient de plusieurs bases aériennes (Orange, Cazaux...) avait sauté d'un Ju-52 dont la rénovation a été financée par EADS.
Le CEMAA a aussi pu croiser des présentateurs de l'armée de l'air présents sur le meeting, notamment le capitaine François "Ralloche" Rallet de l'EVAA (1) et le présentateur Rafale, le capitaine Michaël Brocard (2).
(1) scotché ce matin devant un Skyraider.
(2) Hier, le présentateur Rafale a dû écourter sa présentation aux 2/3, après une difficulté constatée sur un moteur, lors du passage en post-combustion. Il a néanmoins pu sans problème réintégrer la base de Bricy où il était basé pour ces trois jours. Après trois heures de travail de la petite équipe technique, et le changement d'un système électronique, l'avion était d'attaque pour voler, cet après-midi.

samedi 26 mai 2012

Le 10e prix AE d'Aquitaine

Un collège landais et un lycée dordognot ont remporté jeudi le 10e prix aéronautique et espace Aquitaine, soutenu par le conseil régional éponyme. Il s'agit du collège René Soubaigné de Mugron (40), qui remporte un hélicoptère radiocommandé et le lycée Maine de Biran de Bergerac (24), qui reçoit, lui, une partie du prix de 7.000 euros, partagé avec trois autres établissements.
Dans chaque catégorie, il faut présenter dans une première partie un métier aéronautique, et dans une deuxième, une méthode originale pour faire voler un avion en papier (collège) ou exposer une découverte qui a marqué la conquête de l'air ou de l'espace (lycées).

Franciliens, levez la tête

Ce samedi va voir passer quelques aéronefs rares, pour autant que vous soyez bien placés pour les voir. Dans le créneau 10-12h, une patrouille franco-américaine -quatre A-10, deux Mirage 2000N- survolera Marnes-la-Coquette (92), en souvenir du sacrifice de l'escadrille La Fayette, pendant la première guerre mondiale.
Plus au sud, vers 13h45, c'est un des prototypes de l'A400M, en vol d'essai aujourd'hui, qui survolera l'aérodrome de la Ferté-Alais (91).

vendredi 25 mai 2012

1.400 militaires après fin 2012 à Kaboul

Il restera encore à la fin de l'année 1.400 des 3.400 soldats actuellement dans la zone afghane. C'est donc un important glissement par rapport aux affirmations qui avaient jusqu'alors alors été tenues sur ce dossier, et qui confirment, de fait, que les alliés de la France ont obtenu d'importantes compensations à son départ anticipé. Les dernières, peut-être à Camp David et Chicago.
Avec 1.400 personnels, la France continue une bonne partie de ses missions actuelles : c'est le cas sur la formation (OMLT, POMLT, Epidote) et le soutien santé, pour 400 personnels. Et un millier est chargé de la logistique : cela comprend à la fois le gardiennage des matériels, a priori sur un point unique (Warehouse), l'escorte des convois entre Warehouse et KAIA, et le conditionnement des matériels pour le transport. Même si on visualise la charge du travail, on a cependant du mal à mesurer comment cela pourra occuper un millier de militaires pendant un an.
Même si cela n'est pas clairement exprimé, un reliquat de moyens héliportés subsistera, jusqu'en 2014 semble-t-il. Cela vise clairement un minimum de moyens HM pour servir la MEDEVAC. Le maintien d'hélicoptères d'appui ne se justifie plus, par contre. Les trois derniers chasseurs de Kandahar (des Mirage 2000D) seront aussi rapatriés d'ici la fin 2012.
Le dernier carré sera constitué, en 2014, par 400 formateurs, jusqu'à la fin de la mission de l'OTAN, en 2014.

Quid de Douchanbe ?

Même si sa taille reste modeste, le détachement air de Douchanbe (Tadjikistan) mobilise une grosse centaine d'aviateurs et deux Transall, qui assurent le transit des entrants et des sortants ainsi que certains moyens spécialisés (1). C'est un point quasi-incontournable, pour pouvoir remplir au maximum les Airbus A340 et A310 qui évacueront les soldats, et continueront à effectuer les relèves pour le dispositif français demeurant sur place après 2012.
La réduction du dispositif français impactera forcément Douchanbe, ce qui ne fera peut-être pas les affaires de la diplomatie française, qui doit gérer depuis plusieurs mois un vilain différent sur le dossier de la modernisation de l'aéroport, qui devait être modernisé sur fonds français. Une promesse non tenue, en quelque sorte.


(1) notamment la météo.

Ces militaires "non-combattants" qui resteront en Afghanistan (actualisé)

La notion de militaires décrits comme "non-combattants", pérénisée de la présidence précédente, n'a aucun sens, si on la confronte quelques secondes à la réalité afghane, où il n'y a ni avant, ni arrière : 15 des 83 morts d'Afghanistan sont des OMLT, classés dans ces "non-combattants". Rappelons que les sept derniers morts français sont précisément des OMLT... tués par les soldats afghans qu'ils formaient (1). Même les cantonner dans une FOB ou un camp -ce qui n'aurait pas de sens- est donc aussi risqué que de les faire sortir avec l'ANA. A plusieurs reprises, les POMLT (gendarmes) ont échappé à la mort par miracle, lors d'attaques à l'IED.
Rappelons aussi que 18 des 83 morts d'Afghanistan ne sont pas morts des IED et balles insurgés, mais de la piètre qualité du réseau routier (7 morts), de facteurs environnementaux (3), ou de manipulations d'armes (3).
Même si cette distinction sémantique est aussi destinée à faire croire que les morts vont s'arrêter, rien ne permet aujourd'hui, de pouvoir le garantir pour les formateurs, quel que soit leur statut.
S'il reste bien 1.000 soldats français en Afghanistan (2) après la fin de l'année (ce n'est que 1.600 de moins que ce qui était prévu...), ils resteront exposés, comme on l'a déjà écrit ici, aux attaques de kamikazes et de chicom. Et d'IED : pour amener le matériel de la zone de Warehouse à KAIA (3), il faut parcourir plusieurs kilomètres potentiellement tout aussi risqués qu'en Surobi ou en Kaipsa.
Rappelons que la précédente administration avait prévu de laisser, fin 2012, 1.200 personnels classés non-combattants (et 1.400 "combattants"). Le changement est donc difficile à discerner.
Et d'autant plus que dans les prévisions de la précédente administration, Tagab devait être rendu en septembre 2012 -certains parlaient même de juillet...-, et Tora devait suivre dans la foulée. Déjà, Nijrab est vidé de l'état-major de la TFLF, qui consomme de nombreux KC20. Rendre ces trois sites aux Afghans d'ici la fin de l'année n'a donc rien d'une gageure (4).
Preuve de l'instabilité de l'exercice de ce matin, la Défense ne devrait pas apporter de nouveaux détails avant le point presse de son ministre, jeudi en fin d'après-midi.


(1) la même mésaventure pouvant arriver aux formateurs d'Epidote, ou des gendarmes présents en Wardak.
(2) à ce stade, on ne dispose pas de décompte de ce millier de "non-combattants", même si des hélicoptères et des moyens médicaux sont évoqués. A première vue, cela semble beaucoup pour garder du matériel, le convoyer entre Warehouse et KAIA, et former des afghans.  Il va aussi sans dire qu'abandonner les missions combattantes devrait aussi nous amener à sortir des opérations de planification et de conduites des combats, à l'état-major de l'ISAF, où le CEM est un Français.
(3) où la zone de stockage française est particulièrement réduite.
(4) les attaques sont assez rares sur la Nijrab-Kaboul, ce qui n'est pas forcément le cas sur la Tagab-Nijrab. En tout cas, quand on ne paye pas.

Le Neu-Neu réactivé le 25 juin


Un Rafale du Neu-Neu, floqué des deux léopards du régiment (photo Normandie-Niémen).

Le régiment de chasse Normandie-Niémen (1) sera réactivé le 25 juin prochain, sur Rafale. Il avait, comme l'Alsace quelques mois auparavant, été plongé dans un profond sommeil, et ses avions transférés au 2/33 Savoie.
Il avait été envisagé de coupler cette mise en service opérationnelle (MSO) avec les 70 ans de l'unité, créée le 1er septembre 1942 à Rayak, Liban. A l'époque, les FAFL donnaient des noms de provinces plutôt que des numéros à leurs unités, afin de bien marquer le but de leur combat.
Le Neu-Neu sera donc le 3e escadron Rafale, après le 1/7 Provence, le 1/91 Gascogne. Le prochain escadron devrait être l'Alsace, un autre escadron FAFL emblématique. L'armée de l'air emploie aussi des Rafale aux EAU, au sein du 3/30 Lorraine, ainsi qu'à Saint-Dizier, dans l'escadron de transformation Rafale (ETR) Aquitaine et à Mont-de-Marsan, au 5/330 Côte d'Argent.
La marine, pour sa part, exploite déjà deux flottilles de Rafale, la 12F et la 11F. La troisième et dernière flottille (la 17F) est attendue en 2015.
(1) cette appellation lui a été donnée sur le front de l'est, où il avait fini la guerre sur 273 victoires aériennes confirmées, 37 probables, en 5.240 missions et 869 combats aériens

Kolwezi dans un musée (actualisé)

Le Transall R18, dernier survivant de Kolwezi intègrera le musée du Bourget, en août prochain. Il faisait partie du dispositif qui avait aérolargué les parchutistes du 2e REP et du 13e RDP, en 1978.
Il a été exploité par le 3/61 Poitou et le 1/61 Touraine, son actuel propriétaire.
L'armée de l'air perd ses Transall les plus anciens les uns après les autres. Il n'en restera plus que 20 après 2015. Et aucun, après 2018.

mercredi 23 mai 2012

Le Neuron devrait voler "à la fin de l'été"

Le Neuron, démonstrateur européen d'UCAV, devrait voler "la fin de l'été" a pronostiqué ce soir à Paris Eric Trappier, un des dirigeants de Dassault Aviation (1). L'engin, dont les dimensions générales sont assez proches de celles d'un avion de combat, effectue des essais de roulages à Istres (Bouches-du-Rhône) où il a été assemblé, dans le cadre d'un programme très englobant des capacités européennes en la matière, avec Dassault Aviation pour tête de file. Le pool regroupe l'Italien Alenia, l'Espagnol EADS, le Suédois Saab, le Suisse RUAG et le Grec HAI.
Son budget est estimé à 450 MEUR. Le Neuron doit pouvoir être en mesure de larguer une munition intelligente dans le cadre de son programme d'essais.

(1) en marge de la présentation d'un salon sur les drones civils et militaires, qui aura lieu à Bordeaux fin septembre. La première édition, qui a eu lieu l'an dernier -sur les seuls drones civils- avait été impulsée par le président du conseil régional, le socialiste Alain Rousset.

mardi 22 mai 2012

Les FFDJ soignent des Yéménites

Dans le Transall, promu hôpital volant, l'espace de 90 minutes (photo EMA/armée de terre).

Cela ne peut pas nuire à l'image de la France dans la zone, les Forces françaises à Djibouti (FFDJ) ont assuré leur concours à la prise en compte médicale de victimes de l'attentat hier au Yémen. L'attaque kamikaze a été revendiquée par Al-Qaeda : on ignore si ces victimes sont des civils ou des soldats -ce qui est plus probable-.
Avec l'accord probable des plus hautes autorités françaises, l'unique Transall de l'ETOM a décollé en version Evasan avec à bord une équipe médicale des FFDJ avec deux médecins réanimateurs et cinq infirmiers. Cinq blessés graves yéménites devaient être pris en compte, si l'on en croit l'EMA.
Le vol bref -90 minutes- permet éventuellement de transporter des blessés intubés ventilés en autonomie, bien que le Transall ne dispose pas d'électricité embarquée. On ignore si cela a été le cas : les photos diffusées semblent le montrer, pour au moins un patient.
Le C-160 de l'ETOM a décollé à 2h30 (locales) ce matin, posant à 4 heures. A six heures, il redécollait pour Djibouti, où il a posé à 7h30.
Les blessés ont été pris en compte par le HMC Bouffard. Deux blessés ont été opérés selon l'EMA, et trois autres pris en charge par les équipes de réanimation.
Par nature, les médecins de Bouffard peuvent être amenés à prendre en charge des situations critiques en totale autonomie. Ses médecins réanimateurs organisent d'ailleurs, chaque année, un stage de médicalisation au combat en zone désertique.
Rappelons que cette équipée médicale est loin d'être une première : Djibouti avait déjà pris en compte des soldats de l'AMISOM blessés à Mogadiscio (1), et encore avant, les victimes américaines de l'attaque contre l'USS Cole, en 2001 (déjà avec un Transall). C'était déjà au... Yémen.

(1) vu le niveau de risque de cette zone-mais on peut en dire autant du Yémen- le COMFOR avait pris à l'époque la décision de déployer le groupe d'emploi spécialisé (GES) pour sécuriser la zone de stationnement de l'avion.

EC135 : des fissures

L'AESA a demandé des inspections sur les rotors des hélicoptères EC135, après la découvertes de fissures sur trois appareils pourtant très récents. En France, la gendarmerie française exploite une douzaine d'hélicoptères de ce type, chargés de missions de surveillance. A terme, l'EC135 doit remplacer totalement les Ecureuil, dont une grosse vingtaine sont encore en service.
La Douane dispose aussi de cinq EC135 (basés en Manche et en Méditerranée) qui constituent le niveau médian de son dispositif aéromaritime.

Deux essais qui intéressent les Français (actualisé-1)


Photomontage de deux Caracal au contact d'un A400M (photo : Airbus Military).


Airbus Military poursuit le programme d'essais en vol de l'A400M, qui aurait atteint, à la date du 16 mai, 1094 vols, soit 3.212 heures. Dans les prochains jours, l'avion doit commencer un programme très attendu d'atterrissages sur terrain sommaire, capacité qui constitue, selon l'industriel, une des plus-values de l'A400M. Un des prototypes s'est envolé ce matin à 11h30 pour effectuer des posers sur des terrains en herbe, en Allemagne (à la frontière polonaise). Une autre campagne est prévue à l'automne au Burkina Faso, sur des terrains en latérite. Cette capacité intéresse particulièrement l'armée de l'air française, qui pratique régulièrement ce type de posers sur terrains sommaires (1).

Selon Airbus Military, les "premières approches" de ravitaillement, sans contact, ont également été pratiquées avec des hélicoptères, afin de pouvoir engranger des données sur les turbulences et le domaine de travail. Un photomontage illustrant ces premiers vols montre ce qui ressemble à deux Caracal, actuellement le seul modèle d'hélicoptère en service dans les armées françaises équipé pour le ravitaillement en vol.
Jusqu'à maintenant, les équipages de l'escadron 1.67 Pyrénées s'étaient entraînés sur KC-130J italiens. Le ravitaillement en vol permet au Caracal d'allonger significativement son autonomie de vol, une capacité qui peut être intéressante dans le cadre de la mission Resco. Jusqu'à maintenant, les opérations spéciales lui ont préféré un ravitaillement au sol, en utilisant un fardier (2). 
 
(1) Dans un article récent paru dans Air&Cosmos, j'évoquais la livraison prévue en septembre 2016 d'un A400M à l'escadron d'opération spéciales 3.61 Poitou pour qui cette capacité est majeure. Actuellement, les Transall et Hercules de l'escadron peuvent poser de jour comme de nuit sur des terrains reconnus par les spécialistes du CPA10. Les équipages sont en mesure de poser ces appareils à charge maximale sur des terrains non préparés, en quelques centaines de mètres. Il va sans dire que cette capacité pointue a été intensivement utilisée ces dix dernières années, en Afrique et en Afghanistan.
(2) protocole utilisé notamment en janvier 2011 au Sahel, lors d'une opération de libération d'otages. Cette position du COS s'explique notamment par le fait que tous ses autres modèles d'hélicoptères (Gazelle, Cougar, Tigre) ne possèdent pas cette capacité, or, les opérations s'effectuent normalement en module mixte, comportant plusieurs modèles.

Le point sur les premiers A400M français

Cédric Gautier, le directeur du programme A400M, devant la presse (photo Jean-Marc Tanguy).

Dans la foulée des premières infos livrées hier, voici quelques compléments sur le status industriel des premiers A400M destinés à l'armée de l'air. Le premier A400M (MSN 7) a commencé sa construction le 23 novembre 2011, son premier vol est prévu pour le troisième trimestre, et sa livraison, en fin d'année 2012. La date souvent évoquée est celle du 11 décembre 2012, soit trois ans après le premier vol de l'A400M. Carme Chacon, l'ancienne ministre espagnole de la défense avait parlé la première cette date symbolique.
Airbus Military se contente prudemment de cibler un "processus de livraison" en novembre 2012, dans un document présenté ce matin à quelques journalistes ce matin à Toulouse. Le deuxième avion français (MSN 8) doit être livré au deuxième trimestre 2013, son assemblage final a commencé le 9 mars. Son premier vol doit intervenir au quatrième trimestre 2012. Cinq autres avions français (MSN 10, 11, 12, 15, 19) sont déjà dans le process.
Airbus Military annonce aussi signer prochainement le contrat de soutien initial avec la France, sujet qui, on s'en souvient, avec soulevé un important scepticisme chez les clients français et britanniques, lors des propositions initiales.

Actualisé 11h : comme pour confirmer que l'avion vole,  un A400M vient de décoller de Toulouse, entre deux Airbus civils.

lundi 21 mai 2012

Epidote, les gendarmes et les tringlots

Le président français passe sans difficulté sa première série d'écueils, lors du sommet de l'OTAN, bien que sa promesse électorale de retirer les troupes d'ici la fin 2012 ne fasse pas que des heureux (photo OTAN).

Des gendarmes pour former la police afghane, des instructeurs pour les cadres de l'ANA, et des logisticiens (entendu au sens large), peut-être quelques fantassins, pour assurer la garde et le transfert des matériels : voici ce qui restera des forces françaises en Afghanistan après fin 2012, a fait valoir ce soir le président de la République -et chef des armées-. Il faudra sans doute préciser encore un peu cette orientation générale, mais de fait, on peut évaluer à 400-500 ces effectifs, s'ils restent sur la tendance actuellement mesurée. Epidote consomme un peu plus d'une centaine d'instructeurs, les gendarmes sont 150 (1). Quant au Batlog, il consomme actuellement 400 personnels, dont plus d'une centaine sont affectés au rôle III. La France devra donc trouver des repreneurs pour cette capacité médicale qu'elle met au service de l'ISAF.


(1) mais plus de la moitié sont des POMLT, particulièrement exposés dans leurs missions d'accompagnement de la police afghane. Si on comprend bien l'esprit de la décision présidentielle, ils pourraient donc être exclus du périmètre, pour ne conserver que les formateurs présents dans l'école du Wardak.

Des innovations sur la gamme CN235/C295

Airbus Military a dévoilé ce matin une série d’innovations qui doivent être testées en vol dans les prochains mois, afin d’améliorer les performances de sa gamme CN235/C295. Le C295 doit ainsi être en mesure de voler avec des ailettes marginales dans les premiers jours de 2013. A ce stade, l’industriel ne chiffre pas précisément quels gains il attend de cette intégration, en termes de consommation ou de plafond, mais l’avion pourrait décoller avec 800 kg de plus (les winglets représentant par ailleurs un surcroît de masse estimé à 200 kg).
Le C295 doit aussi effectuer une campagne de vols, dès le troisième trimestre 2012 avec un missile antinavire Marte. En juillet, les essais d’intégration seront menés ; suivront des tests de séparation en septembre, puis les premiers lancements sont prévus en octobre sur un polygone de tir situé dans le sud de l’Espagne.
Un C295 de lutte contre les incendies doit aussi être évalué cet été en France, à Istres.
Un système de vision augmentée (EVS) alimentant le collimateur tête haute (HUD) sera aussi testé, mi-2013, selon Airbus Military.
L’industriel propose par ailleurs la troisième génération de son système de mission FITS qui intègre des écrans tactiles, et une architecture (hardware/software) COTS (composants civils) utilisant Windows et Linux.
Enfin, la société affirme aussi réorganisé son process industriel, afin de réduire les délais de livraison, avec des gains de temps annoncés de 30%.

Trois prospects pour le C295 Awacs

Trois pays seraient actuellement intéressés par une version AWACS du C295 (1), a reconnu ce matin un responsable d'Airbus Military, sans évidemment en citer un seul. Un de ces pays pourrait être le Vietnam, un autre prospect se trouverait dans cette même zone.
Au moins quatre ans de développement seraient nécessaires, selon une autre source, car ce projet n'en est encore qu'au stade du démonstrateur.
Après avoir vendu des versions cargo de ses biturbopropulseurs CN235/C295, Airbus Military accentue sa communication sur les versions de missions de cette gamme d'appareils, que ce soit pour la surveillance maritime, la lutte antisurface et anti-sous-marine, ainsi que l'ISR et les missions spéciales.
A ce titre, Airbus Military affirme avoir engagé des discussions avec ATK, qui fournit un kit gunship pour l'armée de l'air jordanienne. D'autres pays seraient déjà intéressés par une configuration de ce type.

(1) l'électronique est fournie par IAI.

Oman signe pour 8 C295

Comme dans le transport aérien avec les petits turboprops d'ATR, EADS ne connaît pas la crise avec ses petits cargos compacts, fabriqués en Espagne. L'armée de l'air d'Oman a signé aujourd'hui pour 8 C295. Cinq sont des avions de transport tactique, et trois seront livrés en configuration de patrouille maritime. La police d'Oman avait déjà deux CN235 en exploitation.
Le Kazakhstan vient également de signer pour ce type de cargo avec deux exemplaires.
108 C295 ont déjà été commandés, dont 85 volent dans 13 pays. L'essentiel des commandes ont été prises en Europe (46), Amérique du sud (29) et au Moyen-Orient (22).
Selon Airbus Miliatry, plusieurs prospects devraient encore se transformer en contrats, dans les mois qui viennent.

Le 1er A400 M livré en avance ? (actualisé-2)

Le premier A400M pourrait être livré à la France "à la fin de l'année", a annoncé ce matin un des responsables d'Airbus Military, confirmant de timides espoirs entendus ces dernières semaines à Paris. Ce serait donc quelques mois avant la date prévue. La date contractuelle est située à janvier 2013.
Certains grands optimistes, en France, évoquent même le recours à l'A400M pour extraire une partie du fret français en Afghanistan (1).
Néanmoins, on sait que l'introduction d'un avion représente de longues campagnes d'essais en vol et d'expérimentations. L'armée de l'air sera la première livrée, et elle pourrait donc être amenée à croiser les inévitables réglages techniques que connaissent tous les appareils, à leur introduction. Un des prototypes a connu des soucis sur un de ses moteurs, il y a quelques semaines.
Les premiers pilotes formés en septembre
Trois groupes de quatre pilotes (soit six équipages) vont être entraînés chez Airbus Military. La formation des deux premiers équipages interviendrait en septembre. L'instruction en vol pourrait intervenir sur le MSN006, d’ici le mois de juin 2013. La facture pourrait avoisiner les 700.000 euros.
A ce stade, on ignore quel niveau de maturité aura le premier appareil. On se souviendra qu'Airbus Military avait livré avec plusieurs mois d'avance les premiers Casa 235-300 à la DGA, en fin d'année. Et il fallu attendre plusieurs mois avant qu'ils n'atteignent les performances demandées par l'armée de l'air. Un CN235, modèle éprouvé, est singulièrement moins complexe qu'un A400M.
Avec un peu de chance, les Franciliens pourraient voir de près un A400M en vol : ce weekend, à la Ferté-Alais, si cela se confirme.

(1) une perspective qui ne sera réalisable, idéalement, qu'avec un système d'autoprotection éprouvé. Même si tous les avions opérant en Afghanistan ne sont pas dans ce cas.

La nouvelle DGGN achève son installation

Les 1.500 occupants du nouveau site de la DGGN à Issy-les-Moulineaux seront installés d'ici le mois prochain. A la mi-mai, 1.100 gendarmes étaient déjà dans leurs nouveaux murs, en provenance de 12 sites franciliens différents. Un des gros morceaux attendus est le ST(SI)² qui assure la veille technologique et le suivi d'équipement au ministère de l'Intérieur, avec 300 personnes, civils, gendarmes et policiers.
Le site d'Issy-les-Moulineaux est géré par un contrat à financement innovant, confié à Eiffage.

Le marché, selon Airbus Military

Airbus Military a présenté ce matin les perspectives de marchés pour ses avions de transport et de ravitaillement, sur les trente prochaines années. Les CN235 et C295 concourent dans un secteur qui pourrait voir environ 1250 ventes (1). Le segment de marché des gros porteurs -dans lequel chasse l'A400M (174 déjà vendus) représente un potentiel de 800 avions. Actuellement, 2450 avions de ce type, dont l'âge moyen avoisine les 26 ans, sont en service. Enfin, 350 gros porteurs polyvalents (de type MRTT, multirole transport tanker) seraient vendus sur cette même période. Airbus a déjà vendu 28 MRTT jusqu'à maintenant, chiffre qui pourrait rapidement évoluer avec un contrat français, annoncé en 2013 par la France. Airbus Military a annoncé ce matin avoir un contrat pour définir les besoins français.
Airbus Military mise sur la polyvalence de ses plateformes, évidente sur la gamme CN235 / C295, qui assurent aussi bien des missions de transport, que de surveillance/patrouille maritime et demain, de surveillance de l'espace aérien. Selon un des responsables du marketing de la société, le contexte international est particulièrement demandeur d'avions de ce type, pour la lutte contre la piraterie, les trafiquants de drogue, ou les pollueurs des mers. Ces avions représentent des alternatives aux traditionnels avions de patrouille maritime (2). De même, la multiplication des opérations humanitaires, consommatrices en moyens de projection, devraient soutenir la demande sur des cargos de type A400M, un axe de communication de la société depuis plusieurs mois.

(1) on évoque une reprise de la construction de CN235 en Indonésie chez Nurtanio, un des deux fabricants d'origine, sans doute pas un hasard.
(2) avec 27 CN-235 bientôt en service, l'armée de l'air française représente, sur ce point, une base non négligeable. Pour autant qu'on intégre sur ces avions des équipements de mission : chaînes SAR (le plus facile), boule optronique, guerre électronique.

dimanche 20 mai 2012

Chicago n'emballe pas la presse française

Une vue du secteur de la salle de presse destiné aux Français (photo Will Knight).

Les sujets otaniens ne semblent pas embraser les médias français. C'est déjà le cas en temps normal, et le sommet de Chicago ne semble rien y avoir changé. Signe du faible intérêt que générait le sommet de l'OTAN à Chicago, le ministère de la défense lui-même avait mouillé le maillot, il y a quelques semaines, en rappelant à ses ouailles du jeudi matin qu'il fallait faire vite pour s'accréditer. Même l'ambassade américaine à Paris s'y est mise, mais rien y a fait.
Seules quelques radios (Europe 1, RFI) semblent avoir décidé d'envoyer des envoyés spéciaux depuis Paris. La plupart des rédactions ont fait travailler leurs correspondants -et encore, s'il se passe quelque chose à Chicago...-, mais la plupart feront fonctionner les échanges (1) et les dépêches d'agences de presse dans le meilleur des cas.
Ce désintérêt s'explique sans doute par le faible intérêt, chez nous, des sujets défense, et encore moins des deux évoqués à Chicago (l'Afghanistan et la défense antimissile balistique). Il ne faut pas exclure non plus un facteur plus existentiel : la direction de l'OTAN à Bruxelles privilégie en effet systématiquement -et plus ou moins ouvertement- des journalistes n'ayant aucune connaissance particulière en défense pour ses "Afghans media tours" (2). Difficile, ensuite, pour des journalistes défense aussi clairement snobés, de s'intéresser aux thématiques otaniennes.


(1) images mises dans un pot commun par les télés du monde entier.
(2) sans doute pour avoir un regard neuf, comme on dit, sur les progrès réalisés par l'OTAN en Afghanistan.

Lettres madrilènes

Arrivés ensemble, partis ensemble. La formule qui faisait bon genre jusqu'à maintenant entre Européens va peut-être faire florès, mais dans un sens inattendu, amenant tous les gros contributeurs de l'ISAF à anticiper leur retrait dans la foulée du retrait français. Dans l'édition dominicale d'El Pais (2), le ministre de la Défense, Pedro Morenés évoque sans retenue cette hypothèse : "On peut accélérer. Tout dépendra du rythme du transfert de responsabilité aux autorités afghanes, et il ne faudra pas que cela fasse peser plus de risques sur les troupes. Tout repli doit être ordonné et avec la tranquilité d'avoir rempli la mission".
Actuellement, l'Espagne dispose de 1500 soldats en Afghanistan, et elle avait déjà prévu d'en retirer 10% en 2012, et encore 40% en 2013, et le solde en 2014. A ce stade, le ministre confirme qu'il n'y a pas de projet financé pour rester au-delà car "tout est sujet à la situation économique de l'Espagne qui n'est pas bonne" (1).
Pas plus enclin à financer les ANSF, le ministre déclare reconnaît qu'on lui a demandé 30 MEUR dans ce but. "Mais nous devons voir si nous pouvons le faire, quelles sont nos possibilités".
La rigueur budgétaire est en train de réussir ce que n'avait pas fait la Kalach des insurgés afghans.

(1) constat que dresse aujourd'hui le quotidien français Le Monde pour nombre de contributeurs à l'ISAF.
(2) dans cette longue interview d'une page et demie, le ministre élude aussi la réponse sur l'attaque d'Atalante le 15 mai sur une base de pirates, en Somalie : "nous sommes dans une coalition. Assurer la participation à une action spécifique est contre-productive et inélégante". Si l'on part du principe que cette phrase est une négation d'une action espagnole ce jour-là, il reste peu de monde capable et déterminé militairement pour mener une telle action. Comme il est évident que la reconnaître, c'est s'assurer des représailles sur des ressortissants, ou des intérêts flottants.

L'épineuse question du retrait français d'Afghanistan

C'est une des incidentes des annonces françaises du jour à Chicago, l'épineuse question du retrait français d'Afghanistan a été anticipée par BFM TV, qui le développait en plateau avec votre serviteur, vendredi, et récidive, ce dimanche, avec ce sujet, visible sur YouTube. Le n°2 (français de l'ISAF) y rappelle quelques réalités afghanes évoquées devant Thomas Misrachi, lors de son grand reportage sur place il y a quelques semaines, et votre serviteur les complète, au micro d'Harold Hyman.

samedi 19 mai 2012

Entente cordiale (suite)

Le secrétaire à la défense américain, Leon Panetta a rencontré aujourd'hui son homologue français (photo DoD), apprend-on du Pentagone ce soir, en prélude au sommet de l'OTAN Chicago (demain et lundi). Un communiqué évoque "l'excellente coopération entre nos deux pays" et les "contributions significatives faites par la France à l'ISAF". Bref, derrière les formules convenues, pas de vraie tension entre nos deux pays sur le sujet afghan : reste à voir quelles éventuelles concessions ont déjà pu être effectuées de part et d'autres, sur tel et tel sujet. La rapidité américaine à communiquer sur cette première rencontre n'est pas, en tout cas, un mince symbole.
C'est que l'avenir, le communiqué le rappelle, fourmille d'urgences : maintenir l'effort de défense malgré l'austérité, et la situation en Syrie et en Iran. Sur l'un comme sur l'autre dossier, François Hollande a fait preuve de fermeté. Sur le premier, il avait rappelé dans la campagne que rien n'était exclu, pour autant que l'ONU soit dans la boucle. Sur le deuxième, il a rappelé ces dernières heures que l'Iran ne pouvait pas développer de capacités nucléaires militaires. Entre une Allemagne qui ergote sur la fidélité à ses promesses en Afghanistan (1) et la France, qui affiche une ligne politique ferme et détient des capacités d'action (2), les Etats-Unis ont fait leur choix. Celui, notamment, de ne pas se brouiller avec la France sur l'Afghanistan, qui n'est déjà plus le sujet du moment.


(1) mais au prix d'importants caveats. Rappelons aussi que l'Allemagne est restée les bras croisés pendant les opérations en Libye, opération pourtant lancée sous les auspices de l'ONU.
(2) ne s'interdit donc pas de les utiliser, pour autant que le cadre soit bien déterminé,

Déserteurs : la curieuse réponse du mindef

Ce blog s'en était fait l'écho, le sénateur Jean-Louis Masson avait interrogé le ministère de la défense en février, sur le nombre de déserteurs dans les trois armées. La réponse, un peu déconcertante, vient de tomber : 1990 cas ont été constatés l'an dernier, pour l'essentiel dans l'armée de terre (1902), la marine (46) et l'armée de l'air (42).
Un an plus tôt, l'armée de terre en dénombrait 2188 (2000 environ en 2006), la marine, 51 (53), et l'armée de l'air, 44 (55). La réponse du ministère ne manque pas non plus de sel, sans qu'on puisse y discerner une façon de juguler le phénomène : "Les éléments chiffrés présentés ci-dessus ne traduisent pas une aggravation du phénomène de désertion. Celui-ci, principalement constaté au sein de la population contractuelle de l'armée de terre et notamment celle des militaires du rang, ne concerne que très faiblement les autres armées. Il ne saurait, en tout état de cause, compromettre la capacité opérationnelle globale de nos forces militaires. De nombreuses désertions résultent du fait que certains jeunes militaires ayant acquis sous les drapeaux une première expérience professionnelle souhaitent rejoindre le secteur civil, n'hésitant pas, malgré l'engagement qu'ils ont signé, à adopter un comportement délictueux à la suite d'un refus opposé à leur demande de résiliation de contrat".
Dans le milieu des années 2000, la BSPP avait connu un regain de cas de ce type, du fait de l'attractivité pour certains jeunes de sa formation initiale (payée). On ignore si ce phénomène s'est tari, et si ses chiffres sont compris dans ceux de l'armée de terre.

vendredi 18 mai 2012

Afghanistan : du soutien après fin 2012

Le président Hollande vient de l'annoncer dans sa conférence avec Barack Obama, la France continuera à soutenir l'ISAF après le retrait des "troupes combattantes" fin 2012. Aucun détail supplémentaire n'a été donné, la formule elle-même est ambigüe. On peut imaginer que la France conservera des formateurs : entre Epidote, les OMLT et les POMLT, l'école du gendarmerie en Wardak, il y en aurait encore entre 300 et 400 selon notre décompte approximatif (1), contre les 600 qu'ils avaient atteint à une époque, au plus fort des OMLT. La formation peut aussi se dérouler aux EAU, comme cela a commencé pour les sous-officiers de l'ANA. Elle peut aussi se dérouler en France : des Afghans ont déjà été accueillis à Saint-Astier, chez les gendarmes. Elle peut enfin s'amplifier dans le domaine de la sécurité intérieure : le concept de gendarmerie soulève autant d'enthousiasme chez les Américains que chez les Afghans, de nouvelles contributions peuvent donc être offertes, malgré la réduction entamée dans l'effectif de gendarmerie ces derniers mois, passé de 200 à 150.
La France peut aussi conserver des moyens aériens importants, et faire marche arrière sur la réduction engagée en novembre, avec le départ des Rafale. Un détachement chasse à 6 chasseurs n'emploie que 70 bras de plus qu'actuellement.

(1) aucun chiffre d'effectif n'est disponible avant le sommet de Chicago, l'exclusivité des annonces ayant été réservé à l'exécutif.

Manuel Valls au G6

Le nouveau ministre de l'Intérieur participe au G6 ce vendredi à Munich, réunissant autant de ministres de l'Intérieur. Il aura trois entretiens spécifique avec ses homologues de Grande-Bretagne (Théresa May), d'Espagne (Jorge Fernandez Diaz) et des Etats-Unis (Eric Holder, Attorney General). Un choix qui n'est pas anodin, ces trois pays étant ceux avec qui la France coopère le plus en matière de lutte contre le terrorisme.
A noter que le ministre bénéficiera, pour ce premier déplacement officiel, d'un Falcon.

Des A-10 au-dessus du 92 samedi 26

C'est la tradition en mai, des chasseurs américains survolent Marne-la-Coquette (Hauts-de-Seine) pour honorer la mémoire des pilotes du Lafayette qui ont donné leur vie pour la France (1). Samedi prochain, ce seront des A-10 de Spangdahlem, des avions plutôt difficiles à approcher en temps normal. Comme c'est la coutume, il y aura aussi des Mirage du 2.4 Lafayette d'Istres. Mais, signe des temps, quatre A-10, pour seulement deux Mirage 2000N.

(1) le site à leur mémoire semble désormais tiré d'affaire grâce à un protocole signé il y a quelques mois.

Le RAID et les JO (actualisé-1)

Le RAID va participer à la protection des équipes françaises à l'occasion des JO de Londres, en juillet (1). Comme c'est le cas aussi pour des moyens du COS (2), le service d'élite de la police a aussi prévu un dispositif d'alerte couvrant plusieurs secteurs aux approches du territoire britannique, dont le Tunnel sous la Manche, qui est placé sous sa responsabilité. Un exercice y a d'ailleurs été mené en 2011, a révélé Amaury de Hauteclocque, lors d'une récente rencontre avec quelques journalistes. Aucune précision n'a cependant été livrée sur la nature de cette exercice, sa durée, ou les moyens engagés. Le chef du RAID et de la FIPN a seulement consenti à reconnaître que cet exercice avait nécessité plusieurs mois de préparation avec l'exploitant, Eurotunel, et avait été mené en totale coordination avec une structure britannique qui elle non plus n'a pas été nommée.

(1) Le GIGN va aussi contribuer à ce dispositif, apparemment de façon paritaire. C'était déjà le cas pour la coupe du monde de Rugby en 2007. Comme la police, la gendarmerie semble avoir effectué au moins un exercice de contre-terrorisme en lien avec les JO, l'an dernier, en toute discrétion.
(2) pour les indices suivez les petits cailloux, sur ce lien ou celui-ci.

Les scénarios d'Eurosatory

Avec le prix respectable du m² qu'ils réclament à leurs exposants, les organisateurs de salon cherchent à renouveler leur offre, d'une édition sur l'autre. Après avoir ouvert un espace thématique aux drones puis un autre consacré au médical, Eurosatory renforce la sienne sur les présentations extérieures, avec, en plus des traditionnelles démonstrations dynamiques, des "scénarios" traduisant la nette montée en puissance de la Homeland Security sur le salon (1). Parmi les trois visibles par les visiteurs, un consacré à la protection d'un secteur (camp militaire ou pipeline) et une autre sur la zone urbaine, un petit village avec ses voitures brûlées -la ressource est quasi disponible sur place...-.
Pour que le visiteur puisse mieux voir, la hauteur des tribunes a été relevée.
Notons que c'est aussi à Villepinte que l'association ECCO (European club of counter trader and offsets)  tiendra sa 4e conférence sur le thème des offsets, un sujet incontournable du moindre contrat d'armement.


(1) déjà en 2010, 30% des exposants disaient avoir des activités dans la sécurité, chiffre qui semble allègrement dépassé en 2012.

jeudi 17 mai 2012

Le nouveau cabinet Défense

Sans vraie surprise depuis que Jean-Yves Le Drian a été nommé ministre de la défense, son cabinet se montre à vitesse grand V avec une nette influence du dernier cabinet socialiste -Richard- déjà lui-même marqué par le précédent -Joxe (1)-. C'est un Sciences-Po Enarque de 43 ans, Cédric Lewandowski, qui dirigera le cabinet : il fut collaborateur d'Alain Richard avant de partir pour EDF, où était parti son directeur de cabinet, François Roussely. Un autre membre du cabinet Richard, Jean-Christophe Le Minh, rempile, comme directeur du cabinet civil. On l'a dit plus précédemment, Jean-Claude Mallet rejoint Jean-Yves Le Drian. De jeunes pousses font aussi partie de l'équipage, comme Julia Maris, qui avait été remarquée à la DGA. Cette Sciences-Po Enarque avait ensuite travaillé à la rédaction du livre Blanc, piloté par Jean-Claude Mallet. Depuis, elle avait rejoint DCI, où elle était directrice du marketing.  Elle sera en charge des affaires européennes. Après plusieurs mois de carence, la presse devrait être reprise en compte avec un jeune communicant, Sacha Mandel, venu du privé.
A ce stade, on n'a pas d'indication sur un mouvement au cabinet militaire, tenu par un aviateur, le général Denis Mercier, nommé sous Morin
Le cabinet devrait être bouclé d'ici la fin de la semaine, pour pouvoir très vite être en ordre de marche sur tous les dossiers (qui ne manquent pas). Comme on l'a déjà dit, d'autres changements de têtes ne sont pas à exclure à la Défense.

(1) Pierre Joxe était présente à l'intronisation de François Hollande, à l'Elysée.

Au travail

Service minimal, à la limite du politiquement correct, ce matin, pour le ministre sortant de la défense qui n'a eu qu'une petite phase d'applaudissements. Hervé Morin avait eu droit à un départ plus émouvant de la part des personnels. Etonnant, certains collaborateurs de cabinet ne sont même pas sortis sur le perron, comme c'est la tradition. Et au moins un manque à l'appel. Ambiance.
Côté jardin, des artilleurs de montagne (93e RAM), des marins de la BAN Dugny ont été positionnés pour accueillir le nouveau ministre. Les photographes, venus en nombre, pestent d'être gardés derrière une barrière.  Le ministre, arrivé un peu tendu, distille des sourires à des têtes déjà connues chez les généraux.
Côté cour, l'ambiance est plus détendue, pour la sortie du sortant. Dans le soleil de l'Ascension, les collaborateurs directs, bientôt rejoints par les quatre chefs d'Etat-major. 
En face, dans l'ombre, la presse, venue en curieuse, ou pour certains, dans le secret espoir de décrocher la dernière gaffe du sortant. Un confrère de télé évoque ses débuts en journalisme de défense, sous le ministre de la défense Yvon Bourges. Je recompte les miens : Léotard, Million, Richard, MAM, Morin, Juppé, et le sortant. Avec Jean-Yves Le Drian, ça fait huit, en dix-huit ans de journalisme spécialisé. Mais quatre en l'espace d'un an et demi...
Une fois dans ses murs, le ministre fait mine de partir, rattrapé par les premières questions des journalistes. Déjà, dans son ombre, Jean-Claude Mallet, conseiller incontournable (1).
Dans un coin de la cour, les policiers du SPHP échangent les dernières consignes. Et vraisemblablement, déjà, les précurseurs sont partis pour une, sinon deux destinations à l'étranger, préparer les premiers déplacements de leur nouveau ministre.

(1) A 57 ans, ce conseiller d'Etat a déjà un cabinet socialiste à son actif  (janvier 1991-juin 1992), puis la DAS (jusqu'en 1998) tout en ayant participé au Livre Blanc de 1994. Il est ensuite secrétaire général de la défense nationale (1998-2004) puis président de la commission du livre blanc de 2007.

mercredi 16 mai 2012

Une baisse de salaire en vue... et peut-être plus

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault l'a annoncé il y a quelques minutes, tous les ministres de son gouvernement vont gagner 30% de moins que ceux qu'ils remplaceront demain (1).
Cette annonce claire sur le train de vie fera peut-être des petits à la Défense. Le ministère dispose en effet de moyens qui n'ont pas connu la crise ces dernières années : chauffeurs, berlines, logements de fonction, etc. Ce blog l'a aussi signalé à plusieurs reprises, l'enveloppe et les moyens humains de la com, emblématique (100 MEUR par an, plus d'un millier de pratiquants...) aura du mal à rester en l'état, alors que le muscle va subir des coupes.
Il sera intéressant aussi de voir comment l'audit de la cour des Comptes, demandé par la présidence, évoquera les principaux dossiers défense du moment : Balardgone, plus globalement, les externalisations, mais aussi les appréciations sur la dépense publique, et le bilan budgétaire réel du précédent quinquennat. Le précédent mindef a soigneusement évoqué, dans les derniers jours du quinquennat, de trancher sur plusieurs dossiers : commande de 34 Caïman, par exemple, appel d'offres VBMR, commande du drone MALE intermédiaire, etc.
On sait qu'en arrivant à Brienne, en 2007, Hervé Morin avait évoqué la perte d'une année dans la loi de programmation écoulée, et déjà, la "bosse" des programmes. Il n'est pas sûr que les préoccupations du nouveau ministre de la défense varient beaucoup.

Dernière minute : la passation de pouvoir est prévu à 9h30 demain à l'hôtel de Brienne. 
On peut entendre aussi la première réaction de JYLD ici.

(1) avant de se retrouver tous en fin d'après-midi, pour un premier conseil des ministres.

Un binôme qui ne manquera pas de travail

Le Lorientais Jean-Yves Le Drian, 64 ans, et le Toulousain Kader Arif ont été nommés ce soir respectivement ministre de la défense et secrétaire d'Etat aux anciens combattants (SEDAC). Rédacteur de la plate-forme défense du candidat Hollande et un de ses proches, Jean-Yves Le Drian hérite d'un ministère difficile. Il va falloir y effectuer de nouvelles coupes, sans doute franches dans les effectifs (1) mais aussi dans les programmes d'armement (2).
Les mois à venir risquent d'être donc difficiles en France, mais aussi, de façon plus évidente encore, en Afghanistan. On sait que la phase de retrait des effectifs (3), en pleine saison chaude, n'est pas le meilleur des moments. La capacité des Antonov et Illiouchine est réduite par les fortes chaleurs... et l'insurgé est toujours plus incisif en été.
Même les militaires "non-combattants", comme il faut provisoirement baptiser ceux qui resteront à garder le matériel non encore évacué, à Warehouse, après le 31 décembre 2012, resteront potentiellement sujet à des attaques suicides, ou des tirs de roquettes.
Même s'il ne fait pas les gros titres, le Sahel est devenu, de fait, un théâtre qui cache son nom.On voit mal le président Hollande retirer les GTIA d'Afghanistan pour aller les envoyer faire du contrôle de zone au Sahel. Rien ne changera donc dans la façon dont ce théâtre est déjà géré, ce qui explique sans doute aussi que les bons connaisseurs de l'Afrique -le CEMP à l'Elysée, le sous-chef ops de l'EMA- constituent de précieux atouts pour l'équipe Hollande.

Actualisé : sauf erreur, la défense arrive au 11e rang protocolaire, le rang qu'elle avait dans le premier gouvernement Fillon. Et le SEDAC arrive le dernier.

(1) les plus optimistes évoquent la disparition d'une brigade de l'armée de terre, les plus pessimistes de deux. Le stade de France pourra accueillir toute l'armée de terre.
(2) Caïman, Scorpion, A400M figurent sur le haut de la liste. Avec un point d'interrogation sur le sort qui sera donné au Balardgone.
(3) ce blog évoquait la semaine dernière le transfert de l'état-major de la TFLF à Warehouse, où il sera colocalisé avec le NCC. Les espaces ainsi libérés à Nijrab permettront d'accueillir le SGTIA retiré de Tagab, qui devra être rendu plus vite que prévu.

Le X3 en tournée aux USA

Le démonstrateur X3 (photo Eurocopter) part en juin pour les Etats-Unis, où il a été précédé, la semaine dernière par le patron d'Eurocopter, Lutz Berling. Cet engin doit aller rencontrer ses clients potentiels civils, puis faire une tournée de certaines bases militaires. Malgré une cellule limitée en espace -c'est un Dauphin-, les performances de vitesses du X3 peuvent intéresser des opérateurs pressés, que sont les forces spéciales, mais aussi les spécialistes de la Medevac ou du sauvetage en mer, pour lesquels la vitesse de réaction compte plus que l'espace de la cabine. L'offshore et le parapublic sont aussi des marchés potentiels.
Le programme d'essais en vol du X3 doit se terminer en fin d'année, moment où Eurocopter devra se déterminer par rapport aux besoins émis par les prospects.

mardi 15 mai 2012

Les questions du député Ayrault, de la commission

Avant de prendre du galon, comme Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault a aussi été député à la commission de défense de l'assemblée nationale, où il a posté plusieurs questions au ministère de la défense. On peut en lire plusieurs sur ce lien : sans surprise, on y lit des interpellations sur les conséquences sociales de la RGPP, notamment sur les spécialités désormais rendues critiques par les restructurations, mais aussi les difficultés d'un fabriquant de bombes (SAMP) et le devenir du matériel ferroviaire du 5e RG, notamment un engin nommé Diplodocus. Autre question, qui avait trouvé réponse, le nombre de décorations remises aux soldats (1).
Un panel donc plutôt eclectique, pour celui qui s'était aussi ému que la nouvelle carte militaire vide sa ville de ses principales unités militaires.

(1) la réponse n'est pas inintéressante non plus : on visualise ainsi qu'il aura fallu attendre 2010 pour que la VM soit attribuée aux blessés d'Afghanistan (82 sur les 1154 attribuées cette année là). Le nombre de VM aura aussi explosé cette année-là, avec 1493 attribuées rien qu'au premier semestre 2011 aux soldats d'Afghanistan, contre 1154 sur la totalité de 2010. Notons aussi l'effet piraterie sur le théâtre somalien : 15 VM attribuées en 2008 (année du Ponant et du Carré d'As IV), puis 43 en 2009 (année de la Tanit), 23 en 2010, et 25 sur le premier semestre 2011.

Coup de foudre pour le Falcon 7X

On s'interroge souvent sur les moyens attribués à l'escadron de transport, entraînement et de calibration, mieux connu sous l'acronyme d'ETEC. Un élément de réponse arrive cet après-midi après que son Falcon 7X a croisé la foudre : le président de la République a dû rentrer à Villacoublay après quatre minutes de vol, et emprunter un deuxième appareil de réserve. D'où l'intérêt d'avoir des spares.
La flotte gouvernementale comprend deux Falcon 7X, un Falcon 2000, un Falcon 900, et deux Falcon 50, soit six appareils.  Leur disponibilité est la meilleure des armées, grâce à un contrat particulièrement contraignant pour le prestataire.
Comme ce blog a déjà pu l'expliquer, ces avions servent au transport gouvernemental, mais plus discrètement aussi, à celui des services spécialisés. Et chaque semaine au moins, au rapatriement sanitaire des militaires déployés outremer.
On se souviendra qu'en début de mandat, Nicolas Sarkozy avait lui aussi connu un souci avec un des avions de l'ETEC, un A319CJ. Les mauvaises langues avaient dit à l'époque qu'on avait fait porter la casquette à un général de l'armée de l'air. François Fillon, lui, avait failli entrer en collision avec un petit avion civil, collision évitée de peu.

SEM : le der des der

Il porte le numéro 62, et il a décollé hier de la piste de Cuers, à 15h25 (photo AIA de Cuers) : c'était le dernier SEM à sortir de l'AIA de Cuers. Plus de 140 chantiers de modernisation et visites d'entretien auront été menés sur ce site, qui dépend du SIAe, rattaché à l'armée de l'air.
Les derniers SEM, actuellement regroupés à la flottille 17F, doivent quitter l'aéronavale en 2015.

lundi 14 mai 2012

Billet : Alternance et judiciarisation

Sans être l'obsession de tous les militaires, la judiciarisation des affaires militaires interpelle cependant nombre d'entre eux. C'est donc avec une acuité particulière que seront suivies les premiers gros dossiers dans ce domaine. Certains, comme l'affaire Mahé sont en courte finale, avec un procès normalement prévu dans l'année. D'autres, comme la plainte de familles d'Uzbeen, progresse dans ce même sens, après le rejet du pourvoi du Parquet (1). D'autres, enfin, ne sont encore qu'à l'instruction initiale : c'est le cas de la tentative de libération des otages du Sahel par des commandos du COS en janvier 2010. Les principaux acteurs de cette opération ont déjà été entendus au moins deux fois, une première (2). Autre première, le COS a transmis à la justice des films pris dans airs, montrant une de ses opérations, passée à la postérité sur TF1.
Rien ne relie évidemment ces différents dossiers entre eux (3), les situations sont très différentes, si ce n'est que le secret défense n'a pas, et de loin, encore livré tout ses documents, sons, images, témoins. Or cette dimension n'est pas neutre : en déclassifiant des documents, en envoyant les bonnes personnes témoigner, un gouvernement peut accélérer la décantation d'une affaire... qui stagnait sous le précédent (4).
Or, dans une affaire qui n'implique pas des militaires, mais des salariés et sous-traitants de la DCN -comme on l'appelait à l'époque-, un proche de François Hollande, Bernard Cazeneuve, a demandé la semaine dernière la déclassification des documents jusque là restés sous le boisseau du secret défense. Il a également dénoncé l'entrave au travail de la commission d'enquête, et à celui de la justice, rappelant que la "vérité est un devoir d'Etat".
Où finit le devoir d'Etat, où commence sa sécurité ? Pas un sujet d'écrit pour l'entrée à l'école de guerre, mais une des nombreuses questions -très concrètes- qui devront être tranchées, dans les semaines et mois à venir sur ces quelques cas concrets... et peut-être quelques autres.

(1) Joël Le Pahun, père d'un para du 8e RPIMa tué à Uzbeen a demandé ce weekend la déclassification d'un rapport de retex.
(2) rappelons que le fait d'être entendu par un juge d'instruction n'est pas synonyme de culpabilité. C'est sur la base des preuves qu'est décidée la mise en examen, qui ne débouche pas systématiquement sur une condamnation : c'est à un tribunal d'en décider. 
(3) et notamment le troisième, dans lequel tout ce qui était tactiquement possible semble avoir été tenté. C'est ce qui rend cette procédure unique, et pour tout dire, paradoxale.
(4) notons cette décision courageuse, annoncée le 4 mai -entre les deux tours de l'élection présidentielle- par la CCDSN pour autoriser la déclassification de 70 documents relatifs à l'affaire Karachi.

Billet : de l'info ouverte, rien que de l'info ouverte

On ne mise jamais assez sur la capacité de l'administration de la défense à transgresser elle-même ses propres règles, dans sa paille quotidienne. Un exemple cruel mais illustrant est livré par la liste des unités qui auront droit à la campagne double (1) : dans la liste figurent des unités qui n'existent pas, comme Jehol (le premier nom du GFS créé pour libérer deux journalistes de France 3), TF 32 (son nom actuel). Même le très discret Detrohum a le droit à sa ligne. Et j'en passe...
Comme il ne faut pas non plus pleurer de tout, j'avoue avoir bien ri en lisant dans la liste système interimaire de drone mâle (sic). Rappelons que ce drone, qui n'attend pas sa femelle, est un Medium Altitude Long Endurance (MALE).

(1) le budgétaire a vu large, puisque même ceux qui servent le sas de Paphos sont compris dans la liste si j'ai bien compris... Par contre, je n'ai pas vu trace dans cette liste du groupe aéronaval qui a croisé à plusieurs reprises dans la zone (2001-2002, 2004, 2006, 2007, 2011) ou des frégates qui étaient en OEF, dès 2001, pour éviter une évasion des bandes d'Al Qaeda par la mer.

Une dissolution

L'équipe de gym de la brigade des sapeurs pompiers n'est plus, a annoncé ce matin le général commandant cette brigade, devant quelques 300 militaires, mais sans la presse. Cette structure a perdu en prestige après les plaintes de certains de ses membres, évoquant des violences en réunions, et, pour l'un d'eux, un viol. Le tout, filmé par un téléphone portable. Un pompier a été placé en détention provisoire, 12 sont mis en examen, au total.

Le futur présentateur Rafale

Alors que le capitaine Michaël Brocard débute sa deuxième saison de présentateur Rafale, on connaît déjà le nom de son successeur, pour la saison 2013 : c'est le capitaine Benoît Planche qui officiera aux commandes. Formé sur Mirage 2000N, ce pilote est actuellement au 1.91 Gascogne, avant de migrer à l'escadron de transformation Rafale (ETR) de Saint-Dizier, qui héberge désormais les présentateurs.
Seulement deux pilotes Air ont présenté le Rafale jusqu'à maintenant : le capitaine Cédric "Rut" Ruet état le premier.

samedi 12 mai 2012

Une histoire de chaises

Le journaliste Henri Weill éclaire avec des informations assez précises le monde du renseignement, à lire ici. Ce sujet prioritaire pour tous les gouvernements, et stratégique pour la sécurité des Français n'est sans doute pas le seul qui connaîtra quelques changements de tête (1).
Des évolutions de structure pourraient aussi concerner ce petit monde. Un document émis à gauche avant le scrutin présidentiel s'interrogeait ainsi sur le devenir de la DPSD. Sans apporter de réponse. Mais la DRM (créée par Pierre Joxe en 1992) en suscite elle aussi quelques unes, notamment sur les carences de ses moyens, qui se sont appauvris, au fil des années. A titre de simple exemple, elle devrait disposer depuis trois ans déjà de drones MALE qui n'ont toujours pas été commandés.

(1) On imagine mal la communication de défense rester en l'état. Alors qu'en plus il y aura beaucoup de nouvelles, pas forcément toutes bonnes, à annoncer dans les premiers mois du quinquennat Hollande.

Un légionnaire du 2e REP est mort hier

Un légionnaire du 2e REP de 22 ans, Ivan Vinkovic, s'est tué hier dans un accident de véhicule blindé, hier, vers 17h15. C'est l'AFP qui l'annonce ce matin, citant des informations  de Corse Matin. L'armée de terre n'a pas livré d'informations supplémentaires, pour l'instant.
Selon le quotidien corse, l'accident est intervenu à Ville-di-Paraso (Haute-Corse), lorsqu'un VAB du régiment a quitté la route, versant dans un ravin, 50 mètres plus bas. Quatre autres légionnaires ont été blessés, dont deux grièvement.
L'accident serait intervenu lors d'un retour de manoeuvres.
Selon une radio corse, Alta Frequenza, cet accident est intervenu au lieu-dit Ficaghjola : le légionnaire aurait, en fait, été éjecté du véhicule.

vendredi 11 mai 2012

Raids Aviation en kiosque ce samedi

On vous l'avait annoncé, Raids Aviation sera en kiosque à partir de ce samedi 12 mai. D'ores et déjà, on peut en voir des extracts sur le site internet d'Histoire et Collections, l'éditeur. Entre autres, ce premier numéro contient :
. un reportage sur le dernier entraînement du Charles de Gaulle, Fanal.
. un reportage à bord d'un Awacs de l'armée de l'air.
. un focus sur l'ANG qui souffle ses 65 bougies.
. le récit d'un pilote de Mirage 2000D qui nous ramène à 2002, quand les muds opéraient à Bitchek.
. un autre récit d'un OPV Harfang, qui rappelle l'engagement de ces drones à Bagram (2009-2012)
. un dossier sur l'étonnante aéronavale indienne.
Les premiers lecteurs peuvent me livrer leurs premières impressions sur ce nouveau magazine sur mon mail : tanguy_press @ yahoo.fr (enlever les espaces avant et après le @).
Déjà lisible sur le net, celle-ci.

Il s'appelle Lady Gaga


(photos Staff Sgt Catrina Dorsey / Us Army).

Les militaires polonais sont des grands mélomanes, et ils le confirment avec ce 155 mm automoteur, baptisé sobrement "Lady Gaga" (1). La bête opère dans la province de Ghazni.
On ignore si l'artiste a été informée de l'initiative, auquel cas, elle pourrait faire un pastiche de son tube, à rebaptiser "155 mm in your face".


(1) pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas, une chanteuse américaine au look un peu déjanté, qui connaît depuis quelques mois un succès d'estime.

Le team de Salon remporte 100/24

C'est l'équipe de Salon-de-Provence qui a remporté le défi 2012 100/24 (poser sur 100 aérodromes sur 24 heures), sur un TB20. Elle est composée de Xavier Buffa, Maxime Amourette, David Thomas, Christophe Philippe et Marie Loy, sous la conduite de Jérôme Taisant. Tous ces pilotes militaires sont instructeurs à Salon-de-Provence. L'autre équipage militaire (ALAT) finit 10e sur 20.
Les vainqueurs seront couronnés dans quelques minutes à Villacoublay.

Un 2e Caracal Air arrive à Pau

Rien à voir avec les manoeuvres en cours sur les moyens "Air" du COS : un deuxième Caracal de l'armée de l'air a rejoint hier le parc du 4e RHFS, à Pau. Ce transfert, décidé par le CEMA d'assez longue date, avait pris pas mal de retard, le temps d'encaisser l'impact qu'avait eu sur le Pyrénées l'engagement de deux autres engins en mer, pendant Harmattan.
L'armée de l'air doit récupérer à court terme les deux Caracal réglés par le plan de relance, ainsi que, dans quelques mois, les deux EC225 actuellement exploités par la flottille 32F.

jeudi 10 mai 2012

Un petit frère pour le SLD500?

Buzz ou travail de fond, CILAS, cofiliale d'EADS et Areva a annoncé aujourd'hui, dans le cadre d'une journée pré-Eurosatory, avoir développé un équipement portable pour détecter des optiques pointées (comme les lunettes de sniper par exemple). Scout, c'est son nom pèserait moins de 2 kilos, et, si l'on en croit le dessin joint, ressemblerait à des jumelles.
CILAS écrit entendre aboutir d'ici la fin 2012. Peut-être plus d'infos à Eurosatory.
CILAS est le fabriquant du désignateur laser DHY307, bien connu des FAC conventionnels et spéciaux. 

Et pour une brigade de plus (suite)

Malgré le scepticisme goguenard qu'avaient suscités mes récents articles sur le sujet, la croissance en volume des forces spéciales air (FSA) se confirme, au point qu'on évoque même la création prochaine d'une brigade des forces spéciales air (BFSA), dans l'armée de l'air, rassemblant des moyens élargis. Une réunion sur ce sujet, sensible dans l'armée de l'air (1), pourrait se tenir la semaine prochaine, au COS.
On ne sait toujours pas, par contre, le périmètre final de cette BFSA, qui comprendra les éléments actuels, les "historiques" CPA10 et Poitou (2), auxquels s'ajouteraient tout ou partie des CPA20 et CPA30, et peut-être, une ou plusieurs unités aériennes.
Cette réforme pourrait porter les effectifs confiés pour emploi au COS à plus de 3.500 militaires, boulversant les rapports de forces internes, même si l'armée de terre continue à apporter l'essentiel de l'effectif, avec plus de 2.000 hommes.
Des commentateur avisés constatent que cette réforme va au bout de la logique entamée il y a tout juste 20 ans lors de la création du COS (3). C'était à l'initiative de Pierre Joxe, un ministre de la défense... socialiste.

(1) cette opposition interne explique vraisemblablement la profusion d'articles sur ces unités, ces derniers mois dans la revue officielle de l'armée de l'air, sans que la presse puisse, elle, traiter ces mêmes sujets. Comme beaucoup d'autres, c'est un sujet réservé.
(2) dont les drapeaux ont été récemment décorés par le CEMAA, dans une séquence qui ne doit donc rien au hasard. Le GCOS était d'ailleurs présent, ce jour-là, à Orléans.
(3) d'autres imaginent un schéma à l'anglo-saxonne, incluant l'intégration des moyens d'action de la DGSE, moyens aériens compris, dans un COS rationalisé.

La confirmation

C'est dans ce petit local que sont suivies les opérations des gendarmes français. Néanmoins, ceux qui ont connu l'ancien local de la rue Saint-Didier peuvent constater une nette augmentation de l'espace, dit-on (photo DGGN).


La confirmation est venue cet après-midi, lors d'une visite de l'état-major opérationnel de la gendarmerie : c'est bien un hélicoptère bleu qui a assuré l'interception d'un parapentiste à proximité d'un CNPE d'EDF, le 4 mai, comme je le relatais alors. Mais, a expliqué le général David Galtier, en charge des opérations à la DGGN, ce sont aussi des gendarmes qui ont effectué la première détection de l'impétrant : des militaires de l'EDSR (escadron départemental de sécurité routière).

De ces locaux ultra-sécurisés sont aussi suivies, parfois conduites les principales opérations de la gendarmerie (recherches de personnes disparues, maintien de l'ordre), ou les plus sensibles (intervention sur go-fast par exemple). Dans un local attenant, des gendarmes suivent des dossiers complexes, en cours ou à venir : engagement en Afghanistan (1), ITER, aéroport de Notre-Dame des Landes, JO 2012, ligne THT...
En surface, des gendarmes exposent leurs capacités de projection de moyens techniques, d'inspection de scène de crime, ou d'état-major tactique. L'Afghanistan en filigrane, encore, avec un module de communication tactique dont deux exemplaires ont été déployés sur place. La gendarmerie a commencé à alléger son dispositif sur place, a encore confirmé le général Galtier.


(1) cette cellule a par exemple oeuvré il y a trois jours lors d'un tir de roquettes sur une FOB accueillant des gendarmes français.

Un Sherpa qui monte haut, haut, haut...

Ce Sherpa attire l'oeil, même celui de la concurrence. Au deuxième plan, le MIDS que RTD dit avoir déjà vendu à trois clients (photo Jean-Marc Tanguy). 

Renault Trucks Défense a dévoilé ce matin ce Sherpa pourvu de structures verticales, permettant de travailler sur des avions, ou des facades. Cette version a déjà, si l'on en croit l'industriel, trouvé son premier client à l'export. Elle monterait, selon RTD, à 8,65 m, et serait compatible avec l'A380 et le 747.
Les yeux avisés ont reconnu une certaine familiarité avec un système déjà exploité par le GIGN, et commercialisé à l'époque par Defense Control. Des contacts avaient d'ailleurs eu lieu, à une certaine époque, sans déboucher.

mercredi 9 mai 2012

Un militaire français blessé par balle au Tchad

Un militaire français a été blessé par une arme de poing au Tchad ce matin, apprend-on ce soir de l'EMA. Ce militaire de l'armée de terre déployé au sein d'Epervier effectuait un déplacement entre deux sites, dans un véhicule civil. A un arrêt, un inconnu lui a tiré dessus avec une arme de poing.
Le blessé, touché au bras, a été pris en compte par l'élément médical d'Epervier. Les mesures de sécurité, déjà drastiques en Afrique de l'ouest, ont été renforcées. 950 militaires sont déployés au Tchad, essentiellement des aviateurs et des terriens.
L'agresseur se serait rendu, a-t-on signalé à l'armée française, sur place. Selon ces mêmes premières indications, l'agresseur serait un "ancien militaire" tchadien.
Une enquête à été ouverte.

BACA, la nouvelle brigade des aviateurs

Alors que des observateurs avisés évoquent la disparition prochaine d'une brigade (quand ce n'est pas deux) dans l'armée de terre, l'armée de l'air se prépare, elle, à créer une brigade aérienne "connaissance-anticipation", ou BACA, pour les futurs intimes. Aucun horizon précis n'est encore livré, on sait seulement qu'elle regroupera deux structures actuelles : la division connaissance-anticipation du CDAOA et le bureau renseignement guerre électronique (BRG) du CFA. Elle dépendra du CDAOA, et sera implantée à Lyon, où est déjà enfoui le CNOA (centre national des opérations aériennes) et le JFACC (joint force air component command) permanent.
BACA aura sous sa coupe un OVIA créé après le Kosovo, le centre national de ciblage (CNC) et le centre militaire d'observation par satellites de Creil (le fameux CMOS). Ce rassemblement pourrait être lié aux carences observées pendant les dernière opérations en Libye, quand on avait trouvé qu'il fallait trop de temps pour transformer le renseignement en cibles.
BACA aura aussi dans sa bulle le très discret escadron électronique d'Orléans, l'escadron de formation au renseignement de Strasbourg et le centre de renseignement air (ou CRA).
A terme, BACA récupérera aussi le futur centre de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS).
Une réforme de structure qui vise évidemment à plus de réactivité dans la chaîne des opérations air, dans la droite ligne de ce que ce blog annonçait dès 2009 (mais on était pas obligé de me croire).

mardi 8 mai 2012

Baxter, héros du 8 mai à Reims

Sans aviateurs dans la place, c'est donc avec uniquement des militaires de l'armée de terre que Reims a commémoré le 8 mai. Un binôme, illustré par les focales d'Eric H., s'est particulièrement illustré en Afghanistan, et s'est retrouvé en exergue de cette cérémonie en ville. Le chien Baxter, et son maître, tous deux du 132e BCAT ont été décorés pour leur travail en Surobi par la médaille d'or de la défense nationale. Le premier avait détecté la présence d'un insurgé sous un feu nourri, permettant ainsi, comme le raconte la citation, de préserver des vies alliées.

L'autre 8 mai

Il y a dix ans, une bombe explosait au passage d'un bus transportant des salariés français de la DCN et de ses sous-traitants. Les familles commémoraient aujourd'hui ce triste anniversaire, à Cherbourg, où est implanté l'établissement qui les employait. Le député de la ville, le socialiste Bernard Cazeneuve, a rappelé ce matin sur France Info que sans vérité, le deuil n'est pas possible et que "la vérité est un devoir d'Etat". Ce spécialiste de la défense (1) qui a travaillé à la vérité dans ce dossier a réclamé la déclassification des documents, qui avait été refusé quasi-systématiquement jusqu'à maintenant. "Il y a eu une entrave organisée du travail parlementaire" a-t-il ausi déclaré.
Rappelons que c'est après cet attentat qu'avait été lancé le programme Morphée, qui a permis, à partir de 2006, d'offrir à la France, et d'abord à ses soldats, un moyen d'évacuation stratégique qui a servi au Kosovo et en Afghanistan. MAM, alors en première ligne sur cette crise, s'était alors étonnée qu'il faille recourir à un A310 allemand, pour ramener les blessés de Karachi.

Le site des familles de vicitimes : http://www.verite-attentat-karachi.org

(1) Bernard Cazeneuve a également partagé avec l'UMP François Cornu-Gentille le suivi de la réforme, n'hésitant jamais à faire part de son scepticisme. Du fait de son niveau d'information sur les questions économiques et de sa réputation d'intégrité, celui qui fut aussi un des porte-paroles de François Hollande devrait voir son rôle évoluer, à l'assemblée nationale ou... ailleurs.

Billet : La victoire

Ce n'est parfois pas inutile de le rappeler, le 8 mai est le jour de la victoire alliée sur la barbarie nazie. La cérémonie de ce matin, avec un président sortant et un président entrant est à la mesure de ce symbole qui vit tous les jours (1), et vivra autant de temps qu'on le fera vivre, y compris dans les armées.
Dans quelques semaines, l'escadron 2/30 Normandie Niémen revivra sur Rafale, lui qui avait contribué à la victoire alliée sur le front de l'est. Certains n'excluent pas que Vladimir Poutine puisse venir en septembre à la cérémonie de récréation de l'escadron, pour les 70 ans de la création, à Rayak.
L'Alsace, qui avait contribué à cette victoire dans le ciel, attend d'être recréé sur Rafale : ce sera effectif à une date qui n'est pas encore connue (RAF4).
La 13e DBLE, qui avait fait face à l'Afrika Korps, permettant le premier gros revers allemand, à Bir Hackeim, est aujourd'hui un demi-bataillon, basé aux Emirats Arabes Unis. Mais ce symbole de l'engagement d'étrangers au service de la France continue çà vivre, après avoir frôlé le pire.
Le 8 mai est la date de la victoire, son esprit ne doit pas s'arrêter à 23h59. 

(1) le reporter de France Info place de l'Etoile a évoqué la présence de manifestants de l'UMP rameutés par SMS pour saluer le dernier 8 mai de Nicolas Sarkozy. C'est plutôt malvenu un 8 mai, jour qui sublime les partis, il aurait été plus subtil d'envoyer une telle invite pour le 15 mai.

Allô Kaboul ?

Signe des temps, pour ne pas dire des lendemains d'élections, un chiffre souvent difficile à trouver figure dans le texte mis en ligne en fin d'après-midi, pour signaler l'inspection du CEMA en Afghanistan (du 2 au 4 mai) : 700 soldats ont été blessés en Afghanistan ces dernières années. On apprend aussi que l'amiral Guillaud a inspecté le Batlog, dont le rôle est primordial pour la phase actuelle de retrait des troupes françaises.
Une information n'est pas évoquée dans ce texte : l'état-major de la TFLF -environ 120 militaires- commence son redéploiement de Nijrab sur Kaboul, ce qui doit faciliter le rapatriement du SGTIA de Tagab.
Cet état-major devrait logiquement faire du rabiot : avec zéro combattant à la fin 2012 en Afghanistan, il sera difficile de justifier l'envoi d'une relève en novembre... La remarque valant pour les GTIA fournis par le BG Acier et le BG Wild Geese.