mercredi 30 septembre 2009

Les mauvais chiffres du budget

Au chapitre des livraisons du budget 2010, on trouve deux... chiffres étonnants qui traduisent la déterioration de l'image des armées dans le baromètre tenu annuellement par la DICOD. Evidemment, ce n'est pas la dégringolade du siècle, mais la hausse d'un côté, et la baisse de l'autre interrogent.
La hausse, c'est celle des Français interogés qui ont une mauvaise image des armées françaises, à 13% (+ 2 points, chiffre janvier 2009). On n'avait pas trouvé pareil chiffre dans l'enquête depuis... 2001, quand Alain Richard était ministre (peu populaire, faut-il le rappeler).
Quand à la baisse, c'est donc forcément celle des tenants d'une bonne image, qui ne sont plus que 84% (-3 points), un niveau que l'on n'avait pas connu depuis 7 ans.
Le chiffre n'apparaît pas comme tel dans le budget, mais il faut aussi noter la montée en flèche des sans opinion (3%, +1 point).

Scep-tiques !

Ca y est, c'est fini. Nos deux petits sondages ouverts il y a plus de 15 jours ont rendu leur verdict. Sur les 1.346 réponses enregistrées à la question "l'armée française a-t-elle les moyens matériels et humains pour intervenir efficacement en Afghanistan?", une écrasante majorité (1.016 clics soit 75%) a répondu non. On peut supposer que ce scepticisme de combat changera d'avis avec la mise en place de la brigade La Fayette.
Deuxième salve de scepticisme avec notre sondage sur la réforme de la Défense ("va-t-elle dans le bon sens?"). Sur 1.198 votants, on a trouvé 68% qui ne croient pas à l'avenir radieux, et répondent par la négative.
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, on constate un engouement à répondre à la dernière de nos interrogations (vous pouvez encore voter), relative à la couverture du conflit afghan par les média français. La claque, à peine étonnante : sur 699 réponses, 89% la trouvaient insuffisante, une tendance acquise dès les premiers jours de mise en ligne de la question.

Le Mamouth ne prend pas l'eau

Un passage à bord du BPC Mistral m'a aussi permis de constater que la lecture du Mamouth n'y est pas possible, sur le réseau internet disponible à bord. On m'invoque des contraintes techniques (serveurs proxy et bande passante) que n'ont pas deux autres blogs de renom puisqu'on peut, eux, les consulter.
Si vous êtes dans le même cas, là où vous êtes, à défaut de... vous faire connaître, faites connaître le problème.
Si vous avez une explication logique, vous pouvez aussi vous signaler...

Le post scriptum du Mamouth :
Le Mamouth ne prend pas l'eau, mais le Pacha a du mal à être capté à terre : le blog de Jean-Do n'est pas lisible partout à Bagneux, siège de la DGA.

Never Say Never Again

Mauvais produit, ou mauvaise "séquence" ? Sans doute un peu des deux. Quand TTU sort, il y a quelques mois, que la France élimine le Milan ADT-ER, l'info prend de court -on ne l'attendait pas si tôt-, mais ne surprend pas. Quelques semaines plus tôt, une mission de l'EMA, menée par un colonel, est allée en Israël, là où est fabriqué le Spike. De là date la conviction qu'ont certains que l'EMA est acquis au Spike, comme l'EMAT.
Comme pour le confirmer, lors des rencontrés armée-industrie, à Satory, au printemps, on compte beaucoup de militaires de l'armée de Terre sur le stand Rafael. Il est vrai que MBDA, alors que son missile est attaqué de toutes parts, n'a même pas jugé bon d'exposer. Aveu d'échec, ou pas, les opposants au Milan appuient là où cela fait mal.
En pure perte, car l'armée de Terre ne prendra pas de Spike, au final, mais du Javelin, la munition la plus chère des trois. En tout cas dans un premier temps, pour remplir ce qu'elle estime être un déficit capacitaire actuel, en Afghanistan.
Curieux, car malgré un épisode un peu pénible (le vol d'un poste de tir et de ses munitions, à l'été 2008), le Milan reste une munition très régulièrement utilisée, en Afghanistan. Les chasseurs alpins de la TF Tiger en ont été les plus grands consommateurs, selon nos informations, particulièrement pendant la bataille d'Alassay.

Le QCM du Mamouth :
Plusieurs explications, pas toutes également convaincantes -je vous laisse le choix dans ce QCM- auront présidé au choix du Javelin :
A- le tireur est protégé au départ du missile...
B- ... et même après, grâce à l'autodirecteur IR, il ne s'expose pas aux tirs ennemis.
C- le Spike est israélien, et sa provenance semble avoir joué contre lui, en tout cas, le risque des "qu'en dira-t-on". Un risque alimenté, ces derniers temps, par les questionnements de clients arabes de l'industrie française d'armement (cf un confidentiel récent paru dans Air&Cosmos). De plus, difficile de produire en France du Spike, en cas d'embargo sur Israël. Sa disqualification -temporaire ?- serait donc autant, sinon plus diplomatique et économique, que technico-opérationnelle.
D- Le Javelin est américain, c'est une preuve donnée que la France qui a réintégré l'OTAN peut acheter américain, comme les Américains peuvent acheter Français.

Quand Hervé Morin excluait d'acheter un missile étranger

Ce 7 janvier 2008, le nouveau ministre de la Défense vient inaugurer le nouveau site MBDA au Plessis-Robinson. Hervé Morin visite le site, prend la parole, solonellement, devant les industriels et les élus locaux dans un amphi, puis s'isole, avec les journalistes conviés pour l'évènement, pour une conférence de presse auxquels assistent, l'entourant, Louis Gallois, PDG d'EADS, et Antoine Bouvier, patron de MBDA. Plusieurs questions générales, puis ce missile. Un journaliste (1) demande : "allez-vous acheter le Spike israélien pour remplacer le Milan?". Après le passage d'un ange, Hervé Morin répond : "mais monsieur, pourquoi voulez-vous que j'aille acheter à l'étranger ce que je peux trouver en France ?" Soulagement des industriels invitants, qui savent déjà que le Milan ER accumule quelques soucis : avec ce que tout le monde comprend comme un appui ministériel, commerciaux et ingénieurs ne boudent pas leur plaisir. C'était sans doute la dernière fois. Car la Défense n'ayant pas trouvé en France ce qu'elle cherchait, elle l'a bel et bien acheté à l'étranger, le Javelin américain. C'est... Hervé Morin qui l'a annoncé ce matin, rappelle Jean-Do sur son blog.

(1) Je vous laisse deviner qui avait bien pu poser cette question.

(crédit : R.Pellegrino/ECPAD)

Bouygues, Eiffage ou Vinci

C'est le vrai clap de début du Balardgone : depuis le 22 septembre, trois groupes de BTP -Bouygues, Eiffrage, Vinci- détiennent le dossier de consultation des entreprises (DCE) qui va animer la dialogue compétitif. On le sait, le Balardgone sera financé par un contrat de partenariat avec l'état (CPE) : le privé bâtit, et reçoit un loyer pendant une longue durée, au terme duquel l'Etat devient propriétaire.
Comme Hervé Morin l'avait dit dès le printemps (ce blog l'avait évoqué alors en temps et en... minute), les premières esquisses architecturales doivent être remises dès le mois de novembre, et leurs propositions initiales début 2010.
La démolition de locaux existants, notamment les anciens locaux de DCN, aurait dû commencer, mais aucune date -autre que théorique- n'a été livrée pour l'instant.
Le seul endroit où on construit, c'est... dans la cité de l'Air : on creuse des fondations pour des structures modulaires (SM) qui seront assemblées de nuit, pour éviter de perturber les travail des aviateurs. Ces SM sont d'un modèle militaire, et serviront donc, par la suite aux opex, ce qui correspond à une optimisation de la dépense.
Elles serviront à loger les personnes délogées de la parcelle B, notamment des militaires actuellement hébergées dans des... algeccos.

Le CGA chez les pompiers

Le contrôle général des armées s'intéresse à la brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP). Rappelons-le, cette dernière est une brigade de l'armée de terre placée pour emploi auprès du préfet de police, qui assure son fonctionnement. Le général commandant la brigade rend compte au préfet de police, Michel Gaudin.
La logique est la même pour le bataillon de marins pompiers de Marseille (BMPM).
La BSPP préfigurait le grand Paris avant l'heure, puisque ses trois unités découpent Paris et la petite couronne.

mardi 29 septembre 2009

L'ISAF inaugure un point presse hebdomadaire

L'ISAF a inauguré cet après-midi le principe d'un point presse hebdomadaire, dans son QG du centre de Kaboul (ciblé en aout par un véhicule suicide). Comme c'est souvent le cas, on y mêle parole "on" et parole "off" et l'exercice se veut une explication des opérations en cours et des objectifs de la coalition.
L'accréditation ISAF n'est pas nécessaire pour y assister, ce qui là aussi constitue une petite rupture avec l'existant.
L'innovation est tout cas symptomatique de la volonté du COMISAF de mieux occuper le terrain médiatique, et d'apparaître plus prévenant envers les journalistes, et leurs besoins affichés.
Quelle que soit la considération qu'on a pour eux, ce sont à travers leurs yeux que les opinions publiques voient le conflit afghan.
En quelque sorte, là aussi c'est le "surge", puisque les effectifs de com', notamment ceux de la France, ont évolué à la hausse, en un an.

On l'appelait DUF

C'était son trigramme, c'était aussi devenu son surnom. François "Duf" Duflot portait une réputation de généreux et d'intraitable. Un pilote opérationnel complet, et un technicien hors pair. L'histoire du PACDG avait retenu que ce pilote de la 11F et son SEM avaient été le 200e à taper le pont du Charles et à accrocher un des trois brins, le 30 août 1999. Quelques semaines seulement après avoir survolé le Kosovo. Presque dix ans plus tard, à un mois près, il a quitté une dernière fois le même PACDG. Un catapultage, un de plus.

(crédit : droits réservés).

CE TEXTE ET CETTE PHOTO NE PEUVENT ETRE REPRODUITS.

Culpa maxima culpa

Cela vaudrait un contrat sur la tête du Mamouth, d'avoir oublié Saint Gabriel, et avec lui, quelques milliers de transmetteurs des armées. Par chance, l'un d'eux m'a fait remarquer mon oubli, et faute avouée... D'autant qu'en souhaitant la Saint Michel, je n'avais plus sur le dos les transmetteurs de la CCT/BFST et ceux de la 11e CCTP.
La Saint Gabriel est, comme la Saint Michel pour les paras, la fête de l'arme, tous les 29 septembre, depuis 1951. Une arme indissociable des opérations, comme actuellement, en Afghanistan, où tout ses talents sont mis à profit. Et pour une fois, et pour Saint Gabriel, il n'y aura pas de "+ du Mamouth".

Stars and stripes rend hommage aux morts de Kapisa

L'édition d'hier de Stars and Stripes a évoqué dans son édition d'hier la mort des trois militaires français de la TF Korrigan. Apparemment, un de ses reporters opérait à Tagab, ces derniers jours ; il a donc pu interroger plusieurs officiers français. Thibaut, qui commande à Tagab, évoque un "violent phénomène" pour décrire l'orage puis l'irruption soudaine des eaux. L'orage était visible de Bagram, rappelle le Lcl Jean-François, qui appartient à la 9e BLBMa, et opère comme officier de liaison, au sein de la base américaine, à plusieurs dizaines de kilomètres de là.
S&S rappelle que plusieurs hélicoptères français et américains ont été engagés pour retrouver les deux dragons portés disparus.

Les dragons provenaient du 2e escadron

"Prêts à affronter l’adversaire, ces dragons ont malheureusement été désarmés face aux forces naturelles" écrit le 13e RDP sur son site officiel. Les deux dragons qui se sont tués ce weekend appartenaient au 2e escadron, le même qui avait perdu cinq des six membres de son équipe de recherche pendant l'exercice N'Gari, en janvier dernier, dans le crash d'un Cougar en mer.
Le 2e escadron du 13e RDP est celui qui regroupe les spécialistes du milieu aquatique et subaquatique. C'est là qu'opèrent les plongeurs, palmeurs et kayakistes du régiment, autant de points de force développés dans le numéro 265 de RAIDS (illustration).
Le 13e RDP compte un escadron spécialisé dans le milieu montagneux (3e escadron).
Sept dragons sont morts en 2009, tous en opérations extérieures, ce qui fait du 13e RDP un des régiments, avec le 8e RPIMa, qui aura le plus payé son engagement, ces dernières années.
Le régiment a rejoint la brigade des forces spéciales Terre (BFST) en 2002, avec deux principaux donneurs d'ordres : la DRM et le COS.
Il doit quitter Dieuze, sa base depuis 1963 pour l'ancien camp du 1er RCP, à Souge, en banlieue de Bordeaux, l'an prochain. Dès lors, toute la BFST, jusqu'à son général, sera regroupée en Aquitaine.

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Un peu plus sur le M22 et le M25

Les appareils perdus en mer jeudi étaient les 22e et 25e Rafale M à être sortis, au standard F2 des chaînes de Dassault Aviation, à Mérignac.
Le M22 avait été réceptionné par la DGA début 2008, et le M25, mi-2008. Ils ont été rapidement rétrofités de F2 au standard F3, constituant le lot des trois premiers appareils F3 dont a disposé la marine : pour faire simple, cela consiste à changer le software, et la façon dont est conçu le Rafale permet ce genre de transition relativement simplement. La flotte actuelle de F3, dont le nombre n'est pas précisément connu, comprend des F3 de série et des F2 transformés (1).
Le 22 et le 25 (ainsi que le 18, le 21 et le 23) figuraient à bord du PACDG lors de la reprise des activités, à l'automne 2008. Hervé Morin avait pu les découvrir, en montant à bord, en février 2009, quelque temps avant les soucis de ligne d'arbre.
Le n°22 avait par ailleurs participé au JTFEX, en 2008 comme le montre la dernière photo (crédit : US Navy pour celle-ci, JMT pour les trois autres).
(1) La décision de transformer les 10 premiers Rafale M (des F1, dont un, le M1, est utilisé par Dassault) cocoonés à Landivisiau n'a toujours pas été prise, à notre connaissance.
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L'âge du capitaine

Le CEMAT fête aujoud'hui ses 59 ans (1). Le général Elrick Israstorza est né (en Vendée) la même année que le DGA, Laurent Collet-Billon, un an avant le CEMM (né lui à Lorient) et trois avant le CEMAA (56 ans). Le doyen des chefs d'états-majors est le CEMA, qui a fêté ses 61 ans le 30 août dernier.
Pour mémoire, le ministre, lui, a fêté ses 48 ans le 17 août.


(1) Le 29 septembre est jour de la Saint-Michel, saint patron des Paras. Après le 3e RIMa, le CEMAT servira au 2e RPIMa, au RIMAP et au 8e RPIMa dont il sera chef de corps.

La séquence jeunes

Alors que le président dévoile en ce moment son plan pour les jeunes, Hubert Falco ira demain à Villacoublay à la rencontre de 48 garçons et filles présents sur la BA107 pour leur JAPD. Ce rendez-vous ne figurait pas sur l'agenda diffusé vendredi. Le SEDAC présentera la rénovation de cette séquence, créée il y a onze ans, et qui, selon la Défense, verrait passer 780.000 jeunes annuellement.
Les 48 chanceux bénéficieront d'une démonstration d'un Puma du GIH, unité discrète qui travaille au profit du GIGN. On ignore évidemment si le programme est aussi relevé à chaque fois.

Une affaire de cousins

Le patron de l'ISAF et des troupes américaines, le général Mc Chrystal est l'invité des colonnes du Figaro, ce jour, dans une interview exclusive de Renaud Girard, qui multiplie les éclairages depuis le mois d'août. Le COMISAF ne révèle pas grand chose de neuf, répétant que c'est en coupant l'insurgé de la population, et non plus seulement en le tuant, qu'on s'en débarassera.
"Si onarrive à en tuer deux (d'un groupe de dix, NDLR), on risque de se retrouver avec un groupe de vingt, car six cousins de chacun des tués auront décidé de prendre les armes pour les venger" constate-t-il.
Le général cite ardiment Lyautey et Galula. Cela peut laisser sceptique, évidemment, d'autant que cette vision risque aussi de prendre du temps, et de demander de nouveaux moyens, surge auquel l'UE a dit dès hier qu'elle ne contribuerait pas.
Reste évidemment la Georgie, la Mongolie et l'Espagne, trio pour le moins composite de pays ayant explicitement annoncé l'envoi de renforts.
Le général dit plein de bonne choses de nos militaires, particulièrement de nos légionnaires : c'est bref, et cela aurait peut-être mérité un mot pour les quatre morts français du weekend, mais quand on aime...

L'ITW est ici :
http://www.lefigaro.fr/international/2009/09/29/01003-20090929ARTFIG00017-mcchrystal-comment-nous-allons-gagner-en-afghanistan-.php

Quelques dossiers interarmées tournants

La France comptait depuis 2006 un GIH (groupe interarmées d'hélicoptères), elle aligne également depuis le mois dernier un CIH (commandement interarmées des hélicoptères), avec un officier général de l'armée de Terre, Pierre Baratchart, à sa tête. Le CEMA se fera présenter la structure vendredi matin, alors que les sujets d'actualité ne manquent pas.
Il y a bien sûr la thématique afghane, avec la mise sur pied d'un sous-groupement aéromobile au sein de la brigade Lafayette, en lieu et place du DETHELICO actuel. Ce SGAM comptera 11 machines, contre seulement cinq en octobre 2008 (et deux un mois plus tôt), tout en perdant le caractère très... interarmées de ses débuts puisqu'il ne comptera plus qu'un seul équipage de l'armée de l'Air.
L'autre dossier du moment, presque paradoxalement n'est pas directement militaire : c'est la gestion de la contribution des armées au service public, dans les terres ultramarines, et dans nos approches, avec une question, lancinante : où placer le curseur pour ce service gratuit ? Les armées, particulièrement l'aviation, réduisent la voilure (renforcement en Guyane toutefois), alors que l'intérieur (gendarmerie, sécurité civile) est appelé à prendre la relève. Alors qu'en France même, il faut gérer le gap entre la fin du Super Frelon et l'arrivée (sans cesse retardée) du NH90. Comme l'a révélé Air & Cosmos mi-septembre, c'est bien l'EMA qui a lancé, fin juillet, l'achat de deux EC225 pour la SECMAR. Mais aussi "l'appui au contre-terrorisme maritime" (CTM), répondant ainsi aux demandes récurrentes d'ALFUSCO. Sans résoudre un paradoxe, puisque un appareil aux normes civiles assurera des missions militaires en première ligne, ce qui ouvre des perspectives pour le futur H3S, devant remplacer pêle-mêle des Alouette III (dans l'Aéronavale), des Fennec et des Puma (dans l'armée de l'Air) et on ne sait pas précisément quoi dans l'ALAT.
Bien avant, il faudra résoudre une cruelle question : peut-on laisser une flotte de 21 EC225/725 saupoudrée sur quatre sites (Evreux, Lanvéoc, Cazaux, Pau), voire cinq (Villacoublay), si la flotte gouvernementale optait, elle aussi, pour le 225 ?
L'EMA ne semble pas y croire non plus, puisqu'un groupe de travail a été mis en place pour trancher sous trois mois, après que la décision ait déjà été reporté deux fois aux calendes grecques.

Le + du Mamouth :
Le tropisme interarmées gagne même le secteur très sensible des munitions, avec la mise en place prochaine d'un SIMU, et plusieurs casse-têtes en vue, notamment dans le petit calibre.

lundi 28 septembre 2009

Trois blessés graves rapatriés d'Afghanistan

Trois des cinq légionnaires du 2e REI blessés hier en Surobi dans un accident de VAB ont été rapatriés en France en début de soirée, signale le site de l'EMA. Ils ont été vraisemblablement répartis dans les hôpitaux militaires parisiens, après atterrissage à Villacoublay (Yvelines), base des Falcon de l'ETEC qui les ont transportés.

Les + du Mamouth :
Un triréacteur Falcon 900 est en mesure de rapatrier deux blessés ; un triréateur Falcon 50, un seul. Le kit d'évacuation médicale permet un rapatriement en sécurité.
En général, outre l'équipage de conduite du Falcon, l'avion embarque au moins une convoyeuse de l'Air (de l'escadrille aérosanitaire) et un médecin, en général un réanimateur, qui peut être doublé. Un système d'astreinte, des PN et des medics, permet une réactivité optimale.
On l'oublie souvent -pas sur ce blog en tout cas-, ces Falcon sont déclenchés une fois par semaine en moyenne pour des rapatriements de militaires, des quatre coins du monde, même si l'Afghanistan prédomine, actuellement.
Le kit des Falcon d'ancienne génération doit évoluer pour prendre en compte le gabarit différent des Falcon 7X, dont le premier est en service depuis la fin juin, à l'ETEC. Et évidemment, les progrès enregistrés dans la miniaturisation de certains équipements médicaux. Par ailleurs, l'avion doit être qualifié pour emporter des bouteilles d'oxygene, et pouvoir assurer une génération électrique suffisante.
Le premier Falcon, livré dans des temps records, n'a pas toutes les fonctionnalités du standard définitif qui sera mis en oeuvre, à moyen terme, par l'ETEC. Il devra donc être rétrofité, après livraison du prochain F7X, en 2010. On ignore si parmi les lacunes il faut compter cette capacité d'évasan, même si c'est vraisemblable. Tout comme on ignore si les Falcon 50, cédés à la marine pour des missions SURMAR, conserveront ou non leur label Evasan.

Le + du + :
C'est l'exécutif qui détermine l'usage de la flotte à usage gouvernemental (AUG), en conservant une astreinte médicale sur (au moins) un appareil. Un doublé de Falcon (deux évacuations simultanées) était déjà intervenu en 2008 : celui-ci a été rendu possible par une faible activité de la flotte liée au weekend, puisqu'au moins deux Falcon 900 et trois Falcon 50 étaient présents au bercail, ce weekend.

Pour aller plus loin :
Nos articles liés à la spécialité santé des armées peuvent être trouvées ici, notamment des précisions sur le système Morphée
http://lemamouth.blogspot.com/search/label/sant%C3%A9

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Afghanistan : le CEMA stigmatise l'OTAN

Verbatim
Le général Jean-Louis Georgelin, a pointé du doigt plusieurs dysfonctionnements de l'OTAN, dans un long discours prononcé au collège de... l'OTAN, à Rome, le 25 septembre dernier. Le CEMA français argumente : "La crédibilité de l’OTAN se mesure aussi à l’aune de ses succès.
Or le théâtre afghan nous révèle des dysfonctionnements qui réduisent l’efficacité de nos troupes. Je pense, entre autres, aux divergences d’appréciation dans la conduite de la mission, et notamment en termes de règles d’engagement ; à la réactivité des structures de commandement ; aux financements communs ; aux réseaux de communication,...
Le retour d’expérience devra donc être totalement exploité, même s’il ne faut pas que cette seule crise devienne le point focal des réflexions pour déterminer un nouveau concept."
C'est le texte officiel, in extenso, produit sur le site de l'EMA. Je n'ai rajouté que les guillemets, au début et à la fin.
Il s'est par ailleurs étonné, mais c'est plus anecdotique, qu'un groupe d'experts présidé par l'ancienne secrétaire d'état Madeleine Albright ne comporte pas le moindre militaire...

Les + du Mamouth :
Même s'il ne s'agit que d'un fragment du discours du CEMA, on sent poindre certaines réserves, sans doute déjà émises dans d'autres enceintes, alors que la France a bel et bien réintégré la machine otannienne.
Le renseignement n'est pas toujours très fluide en Afghanistan, et le CAOC reste encore un classique "four-eyes", un sujet apparemment sensible. Ce, alors même que la France (ou la Belgique) apporte autant de chasseurs (six) que la Royal Air Force à Kandahar, et autant de drones MALE (deux). Et que la France est le quatrième contributeur en troupes.
Autre souci, les financements, des plus grands, aux plus petits. On se rappelle que deux députés avaient fait état de facturation un peu étonnante des Néerlandais à nos OMLT en Oruzgan, alors que la France, elle, pratiquait un tarif nettement moindre, voire ne faisait pas payer aux militaires de l'ISAF qu'elle accueille dans ses FOB.
Plus globalement, les caveats mise en avant par bien des contributeurs de l'OTAN sont, c'est connu, un facteur limitant, particulièrement pour les hélicoptères, déficit capacitaire de l'ISAF. Mais c'est aussi le cas, au quotidien, en RC-C. Les synth-ses font bel et bien apparaître que certains nations, en 2009, continuent à rester cloitrées dans leur FOB. Ce qui leur évite de payer le prix humain (et financier) de leur engagement, prix que nous avons encore payé, ce weekend, avec la vie de quatre de nos soldats.

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Le chalutier qui valait 240 millions de livres

La Royal Navy a littéralement explosé le record de saisie de cocaïne, avec 5,5 tonnes, pour une valeur à la revente de 240 millions de livres sterling. Le MOD ne boude pas son plaisir d'évoquer en long et en large la capture du Cristal, au large des côtes sud-américaines, par la frégate type 123 Iron Duke, assisté par le navire de ravitaillement Fort George. Comme chez nous, c'est l'hélicoptère de la frégate -un Lynx- qui a (ar-)raisonné tout le monde, après quoi, l'équipe de visite, qui comprenait des US Coast Guards, a trouvé les 212 ballots de 26 kg (soit 5.512 kg) dans les cales du chalutier de 42 mètres.
Le MOD rappelle que la même frégate avait déjà fait deux saisies l'an dernier, de 33 millions de livres cette année, et de 45 millions l'an dernier. Cette dernière avait été réalisée alors que le prince William faisait partie de l'équipage (ce qui n'arriverait pas chez nous...).
Notre photo : après les sous-marins, les "narcos" sud-américains reviennent aux fondamentaux : le chalutier. Comme l'évoque ce cliché, la Royal Navy prend des précautions avec les passeurs. (crédit : MOD)
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Comment le GIGN va libérer Alain Bernard et Hughes Duboscq

Le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) effectuera une libération d'otages un peu particuliers, le 11 octobre, à Paris (1). En dix minutes, le groupe va reprendre le contrôle d'un bus immobilisé sur un pont, à bord duquel seront séquestrés quatre sportifs de haut niveau de la gendarmerie : les nageurs Alain Bernard. et Hughes Duboscq, la judoka Stéphanie Possamaï et l'athlète David Alerte.
Le groupe engagera un hélicoptère de la gendarmerie chargé de l'appui-feu et du renseignement. Dans la foulée, un premier hélicoptère Puma du groupe interarmées d'hélicoptères (GIH) déposera quatre commandos chargés de sécuriser la zone, tandis que trois véhicules blindés Swatec chargés de gendarmes bloqueront le bus.
Un deuxième Puma du GIH larguera une nacelle Escape (2) permettant d'extraire otages et gendarmes en un tour de main. A l'issue de quoi les sportifs seront déposés sur l'esplanade des Invalides, pour un bain de foule. Le tout ne devrait pas durer plus de dix minutes. Le temps autorisé par le préfet de police pour survoler la capitale.

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(1) dans le cadre des journées de la sécurité intérieure, qui se tiennent également dans toute la France. Le GIGN largera également des parachutistes au-dessus de la place des Invalides le matin, et s'associera aux paras du RAID, dans l'après-midi.
(2) un matériel développé à l'origine au GIGN, et désormais utilisée pour extraire les pompiers piégés par le feu. L'historique de cet équipement, et ses dérivés, sont contés dans RAIDS n°280.

L'armée de l'air, quelle histoire !

L'armée de l'Air explorera sa propre histoire, le 20 octobre, à Paris, dans le cadre d'une après-midi narrée par l'historien Patrick Facon, et président par le propre chef d'état-major de l'armée de l'Air. Renseignements et inscriptions auprès du CESA, qui organise, sur le site http://www.cesa.air.defense.gouv.fr/.
Rappelons par ailleurs l'édition d'un ouvrage pédagogique, sur nos aviateurs (par eux-mêmes) : "L'armée de l'Air, arrêt sur images", 176 pages, édité par le service historique de la Défense.

La plastique des plastrons

L'OTAN a poussé le "réalisme" à son paroxysme. Pour figurer les plastrons de journalistes dans le cadre de l'exercice Loyal Midas (NRF14), l'OTAN a tout simplement loué les services de jeunes femmes présentées comme "journalistes indépendantes", essentiellement mais pas exclusivement venues d'horizons anglo-saxons. L'amiral italien en avait trois rien que pour lui -"ce sont mes media-trainers" nous a-t-il expliqué à l'issue d'une conférence de presse avec des médias français-. Huit opéraient notamment à bord du porte-avions Garibaldi, et du BPC Mistral.
Ces contractors étaient entre autres chargés de mettre les membres de l'exercice "sous pression" médatique, de les harceler comme on dit, tout en rédigeant également un journal écrit et vidéo sur "Loyal Midas".
Au total, en comptant les opérations à terre, ce sont onze plastrons de "journalistes" qui auraient été engagés dans la... manoeuvre.
De l'aveu même d'un de ces plastrons, la location de "journalistes" par l'OTAN est une chose "courante" pour animer les exercices. Certains d'entre eux s'étaient même déjà croisés ailleurs.
La réalité statistique de la presse de défense est là : très peu de femmes traitent du domaine, rares sont celles qui ont moins de trente ans.

Le + du Mamouth :
L'engagement de plastrons et de forces adverses (FORAD) est un classique dans les exercices, et désormais, la dimension médiatique est régulièrement jouée. Pour ses exercices en tout cas, le ministère de la Défense s'avère moins hardi dans ses choix, en mobilisant des étudiants en école de journalisme. Ce qui présente le double intérêt de les acculturer au domaine défense (avec peu de résultats dans le temps, toutefois...) et de disposer de plastrons motivés par l'aubaine.

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Triste Saint Michel

Quelques éléments de la communauté parachustite, dont une vingtaine de commandos du CPA20 vont se retrouver cette semaine à l'occasion de la Saint-Michel, saint patron des "hommes sous corolle", pour une série de sauts... au Mont Saint-Michel (Manche). Ce dernier sera évidemment célébré dans toutes les unités paras ; elle s'annonce toutefois triste avec les quatre morts d'aujourd'hui, parmi lesquels deux dragons paras du 13e RDP. Le régiment de Dieuze avait été déjà frappé, en janvier dernier, par la mort de cinq des six membres d'une équipe de recherche, dans le crash d'un Cougar, au Gabon.
Un autre para, le capitaine Patrice Sonzogni (35e RAP), a quant à lui été tué le 11 février dernier par un IED, en Afghanistan.

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dimanche 27 septembre 2009

In memoriam : marsouin et dragons paras

Voici quelques éléments biographiques relatifs aux trois soldats qui ont péri en Afghanistan cette nuit (cf nos posts précédents).
Le 1ère classe Kevin Lemoine, du 3e RIMa, était le plus jeune des trois. Célibataire, âgé de 20 ans, il servait au 3e RIMa depuis avril 2008, au sein duquel il avait "montré de belles qualités de soldat", et avait été remarqué par "son endurance et sa perséverance". Il était arrivé en Afghanistan avec son régiment, fin mai 2009, pour armer la TF Korrigan, en Kapisa.
Le brigadier Gabriel Poirier, 23 ans, servait au 13e RDP, qui l'avait recruté en septembre 2006. "Intelligent et motivé", il est promu brigadier en novembre 2008, après avoir "participé à une opération au cours de laquelle il s’était particulièrement distingué". Le brigadier Poirier était décoré de la Médaille Outre-mer, de la Médaille de la Défense nationale échelon bronze et d’une médaille étrangère. Il avait rejoint la Kapisa en même temps que Kevin Lemoine. Célibataire, il devait se marier l'été prochain.
L'adjudant Yann Hertach, 38 ans, avait rejoint l'école d'application du génie d'Angers comme sous-officier, en 1993. Il sert au 6e RG, sis dans la même ville, et intervient à deux reprises en ex-Yougoslavie (1995, 1997) puis en Albanie, en 1999. "Passionné par le métier des armes et plus particulièrement par la recherche aéroportée", il rejoint presque naturellement le 13e RDP, à l'été 2001, participant à plusieurs opérations. Comme pour son camarade, la spécialité d'origine réduit l'évocation de son parcours opérationnel, au 13e RDP. Il avait rejoint la Kapisa, lui aussi fin mai 2009. Il aura sacrifié sa vie pour tenter de secourir le brigadier Poirier, emporté par les flots.
Il était père de deux petites filles.

(crédit photo : 3e RIMa)

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Un essai pour les catapultes

L'essai conduit jeudi soir par les deux Rafale M qui se sont ensuite abîmés en mer visait non pas les avions eux-mêmes, mais le réglage des catapultes du PACDG. "Il devait permettre d'élaborer des consignes de réglages des catrapultes" nous explique-t-on ce soir. Pour ce faire, les deux Rafale M avaient été équipés selon des configurations qualifiées de "lourdes", mais ne comprenaient aucun armement réel, comme la Marine l'avait affirmé dès le début de sa communication, jeudi soir.
Le Rafale que pilotait le CF (R) Duflot emportait quatre AASM, quatre missiles Mica, soit une charge d'armement inférieure à deux tonnes, auxquelles s'ajoutaient deux réservoirs de carburant. Le Rafale piloté par son ailier comportait quant à lui six GBU-12 et 2 Mica, ainsi que des réservoirs externes.
On notera que ces deux configurations ont déjà été ouvertes, et utilisées en Afghanistan, tant par l'armée de l'Air que l'Aéronavale, dans le cadre du standard F2.

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Un "sacré pilote"

Le capitaine de frégate (R) François Duflot, 45 ans, a accumulé près de 4.800 heures de vol sur 34 aéronefs différents, en un peu plus de 20 ans de carrière. C'est, pour un pilote de chasse, et même un pilote d'essais, un niveau exceptionnel, à la hauteur du personnage, emblématique dans la communauté Marine, la communauté Rafale, et la communauté des essais. Il aura accumulé plus de 600 appontages dans sa carrière. Encore en 2008, il avait volé 285 heures, et en 2009 (sur neuf mois), 293 heures.
Le CF Duflot a mené 80 missions de guerre au-dessus de la Bosnie (1992-1995) et du Kosovo. Il est ensuite diplômé, en 2002, de l'école des pilotes et navigants d'essais et réception (EPNER), voie sacrée pour intégrer la communauté des essais, d'abord au CEPA puis au centre d'essais en vol de la DGA qui l'embauche comme pilote sous statut civil. Il intègre l'équipe de marque Rafale au CEV, à Istres. Où il participe notamment à la mise au point du standard F3.
Le CF (R) Duflot était marié et père de trois enfants.
Dans un communiqué qui vient d'être diffusé, le DGA, Laurent Collet-Billon déclare : "Toutes nos pensées vont vers sa famille et ses proches. François Duflot appartenait à ces équipes de la DGA qui font la fierté et la renommée de notre institution".

François Duflot porté disparu

La marine a stoppé à 21h ce soir les recherches du CF (R) François Duflot, pilote du 2e Rafale accidenté jeudi soir, estimant qu'il n'y a plus la moindre chance de le retrouver vivant. "Toutes les pistes permettant de garder espoir ont été investiguées", insiste la marine, dans un communiqué diffusé il y a quelques minutes.
Le même communiqué confirme que plusieurs bâtiments ont recueilli des élements de Rafale, sans préciser lesquels, et s'ils proviennent des deux avions. Le commandant Ducuing, le Guépratte, l'Ailette pour la marine, ainsi qu'une vedette de gendarmerie et des douanes (Port-Vendres) poursuivent les recherches, appuyés par le Lynx du Guépratte, ainsi qu'un Falcon 50 et un Casa 212 epsagnol.

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Un 4e mort (2e REI), et cinq blessés

Un quatrième français est mort aujourd'hui en Afghanistan vers 15 heures (LOC) : ce légionnaire du 2e REI a été tué par la chute de son VAB dans un ravin, et cinq de ses camarades ont été blessés, dont "certains très grièvement" a précisé l'Elysée, dans le communiqué qui a révélé ce nouveau coup du sort. L'accident est intervenu de jour, avant l'embranchement de la Highway 7, en direction de Tora, à mi-chemin entre la capitale et la FOB française.
Ce type d'accident n'est malheureusement pas une première, et est lié au caractère précaire du réseau routier du pays.
Cinq militaires français sont déjà morts lors d'accidents de ce type, dont trois en 2004 -un commando du 1er RPIMA, deux hussards du 3e RH-, un hussard parachutiste du 1er RHP (2007) et un marsouin du RMT (le 19 août 2008).
C'est le deuxième mort du 2e REI en Afghanistan, depuis 2005. Et donc, le troisième légionnaire, avec la mort héroïque du CCH Rodolphe Penon lors de l'embuscade d'Uzbeen.
Cette nouvelle perte porte à 35 le nombre de soldats morts en Afghanistan, dont 32 de l'armée de Terre, deux de la Marine (Forfusco) et un de l'armée de l'Air (CPA10).
21 d'entre eux sont morts dans les 13 derniers mois.
La Task Force Dragon, armée par le 2e REI, compte 850 militaires de la 6e BLB, principalement répartis entre la FOB Tora, le camp Rocco, le cerveau du Batfra restant encore, pour quelques jours, au camp de Warehouse, en banlieue de Kaboul.

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L'ISAF reconnaît des pertes multiples en quelques heures

Comme cela devient la règle, l'ISAF a reconnu avoir perdu un drone en RC-N (zone allemande), après des revendications insurgées, accréditées par les média. Le drone en question a été perdu dans les dernières 24 heures, dans la région de Kunduz, là où l'ISAF a eu la main un peu lourde, il y a quelques jours, en tuant des civils dans une frappe aérienne non justifiée.
Selon l'ISAF, le drone a manqué son atterrissage. Le type de drone, et sa nationalité n'ont pas été dévoilés.
Dans le même communiqué, l'ISAF évoque la mort des trois soldats français -sans citer leur nationalité- et de trois autres soldats de l'ISAF. Un soldat américain est mort des suites d'une attaque par IED, hier, en RC-S. Un autre soldat américain est mort également dans une attaque insurgée. Aujourd'hui, un militaire de l'ISAF a été tué par un IED, en RC-S .

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Afghanya : nouvelles précisions

L'Etat-major des armées vient de nous livrer les conditions dans lesquelles trois militaires français sont morts cette nuit, en Kapisa. Le GTIA Korrigan était engagé dans une opération d'ampleur engeageant 250 soldats frnaçais et afghans, en vallée d'Afghanya. Les conditions météorologiques se sont dégradées, et vers trois heures du matin (heure de Kaboul, soit minuit et demi, heure de Paris), un marsouin du 3e RIMa a été foudroyé. Le toubib et l'infirmier de la rame ont essayé de le réanimer, sans succès. "Le cours de l'opération a été suspendu" explique l'EMA, et quinze minutes après cet évènement, une rivière en crue a emporté un dragon parachutiste du 13e RDP. Un de ses camarades est immédiatement parti à sa recherche, un acte de courage considérées les conditions et la zone, particulièrement dangereuses. L'un et l'autre ont malheureusement été retrouvés ce matin, sans vie, en aval.

Ajout de 13h43 :
Se fondant sur le témoignage d'un chef de district, le site internet d'information afghan Pajhwok avance que ce sont huit militaires qui ont été balayés par une brusque montée des eaux.

Ajout de 21 heures :
Les Caracal et Tigre du Dethelico de Kaboul ont été engagés dans les recherches, avec des Apache américains. Les dépouilles des trois soldats ont été transportées en HM, peut-être un Caracal, à Nijrab.

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Trois morts Français en Afghanistan

Trois soldats français sont morts "accidentellement" en vallée Afghanya, une des plus dangereuses de Kapisa. Comme c'est devenu la pratique, c'est la présidence française en personne qui l'annonce, il y a cinq minutes, par un communiqué.
Selon cette source, les trois militaires sont un adjudant et un brigadier du 13e RDP de Dieuze et un soldat de première classe du 3e RIMa.
On ignore si "l'accident", dont la cause n'est pas précisée, a également fait des blessés. On sait seulement qu'il est intervenu lors d'une progression nocturne, vraisemblablement dans le cadre d'une opération du GTIA Korrigan.
Ce triste bilan porte à quatre le nombre de morts du 3e RIMa depuis son arrivée en Kapisa. Neuf militaires français sont morts en Afghanistan, depuis le début de l'année, et 34 depuis 2004. Les unités de forces spéciales auront perdu neuf hommes, depuis 2004, dont sept pendant leur engagement au sein du TG Ares.
Le + du Mamouth :
Personne ne l'ignore, le 13e RDP appartient à la brigade des forces spéciales Terre (BFST), ce qui ne signifie en rien un débarquement de forces spéciales en Afghanistan. Comme d'autres, ces opérateurs oeuvrent dans des missions conventionnelles, depuis plusieurs années, sur ce théâtre, comme d'autres. Hervé Morin avait d'ailleurs révélé leur présence, intermittente, dès janvier 2009. Le même, et les journalistes qui l'accompagnaient ont même croisé ces opérateurs la semaine dernière, et des équipiers en mission spéciale auraient recherché la discrétion, et pas les caméras de télé.
Le 13e RDP a déjà été cruellement touché, en début d'année, avec la perte d'une équipe de recherche (6 hommes moins un qui avait miraculeusement survécu) dans le crash d'un Cougar, au large du Gabon, à l'occasion d'un entraînenement nocturne à la pénétration. Si l'enchaînement des causes semble désormais bien maîtrisé, ces dernières n'ont toujours pas été livrées officiellement.

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samedi 26 septembre 2009

Tiger ! Tiger ! Tiger !

Pas de cocorico chez les Tigres, mais ce feulement, pour le silver trophy, récompense suprême, décrochée par le 1.12 "Cambrésis" de Cambrai, par ailleurs escadron historique Tigre. Cela s'est bien sûr déroulé au Tiger Meet, qui se déroulait cette année à Kleine-Brogel (Belgique).
Nos Tigres du Nord ont obtenu le même nombre de points que leurs homologues allemands (sur Tornado) mais l'ont finalement emporté, pour leur meilleure prestance en vol.
Ils remportent également la récompense de la meilleure tenue de vol.
Le "Cambrésis" remporte son quatrième "Silver Trophy" (1992, 2001, 2006) alors que l'avenir de ses traditions reste pour le moins incertain, avec la fermeture de Cambrai, et la réduction du nombre d'escadrons de chasse.
Quand on voit que le" Neu-Neu" passe par une période de sommeil, on comprend que tout est possible pour les autres.

Notre photo : Le Cambrésis à la fête (crédit : David Goovaerts / Nato Tiger Association).

Pour aller plus loin :
http://www.natotigers.org/

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Ulysse, en première ligne

Le robot Ulysse du CEPHISMER va tenir une place prépondérante dans la récupération des débris du Rafale, qui reposeraient par -au moins- par 600 mètres de fonds. Ce robot est le résultat d'une carence capacitaire comblée par la marine, à la suite de plusieurs naufrages de pétroliers civils. Le robot Achille était limité en profondeur, tout comme le NEWTSUIT (un plongeur à l'intérieur d'un scaphandre). Ulysse peut opérer jusqu'à 1000 mètres de profondeur. Il se présente sous la forme d'un cube d'un mètre de côté, pesant 50.0 kg et évoluant à la vitesse de 2,5 noeuds.
Ses deux bras articulés lui permettent d'effectuer des travaux basiques pour permettre un renflouage.
Entré en service en 2005, il a été fabriqué par la société ECA, à qui la marine doit déjà quelques uns de ses matériels, notamment les drones de déminage.

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Les deux Rafale localisés à 600 m de fond

Les premiers relèvements effectués par la Marine ont permis de localiser une première zone dans laquelle reposeraient les deux Rafale, par 600 mètres de fond. Ce sont vraisemblablement des détecteurs de "pingers" embarqués à bord de l'Ailette qui ont permis de circonscrire la zone. La marine avait eu recours à des équipements américains pour tracer les balises équipant les boîtes noires de l'Airbus d'Air France, perdu en Atlantique, à l'été.
On n'a pas, actuellement, de précisions sur la distance qui sépare les deux appareils, les émissions de balises semblant provenir de la même zone.
L'étape suivante consiste à réduire encore la zone de recherche, et d'y envoyer le robot Ulysse du CEPHISMER (1), qui avait notamment oeuvré à l'occasion du crash du Boeing 737 de Flash Airlines à Charm-el-Sheik, en janvier 2004. L'ultime étape consistera à remonter le tout, sans rien perdre de ce qui pourrait permettre la meilleure compréhension de l'évènement.
En tout état de cause, les NEWTSUIT du CEPHISMER ne pourront opérer, puisqu'ils sont limités à 300 mètres de profondeur.

(1) c'est un pur hasard, mais le commandant en second du Mistral, arrivé il y a un mois à bord, commandait encore à l'été le CEPHISMER (cellule de plongée humaine et d'intervention sous la mer).

Rafale : com-mu-ni-quer

Une poignée de minutes seulement après les faits, une dizaine de journalistes, dont votre serviteur, étaient jeudi soir au courant du crash d'un Rafale, qui s'est vite confirmé être, on le sait maintenant, la perte de deux appareils. Le pilote faisant toujours l'objet de recherches.
L'explication est simple : ces journalistes embarquaient, à Hyères (Var) sur le BPC Mistral, pour l'exercice Loyal Midas. Arrivés à bord, le contre-amiral Philippe Coindreau a tenu un brève conférence de presse dès 20h, sur la base des éléments fournis par un premier communiqué de presse du Sirpa Marine. Un exercice toujours compliqué, mais qui s'est avéré concluant. La dizaine de cartes de presse présentes à bord ont pu envoyer une première salve des contenus, grâce au centre de presse du bord (internet, téléphone), ou leurs propres moyens de transmissions (le BPC était en portée des réseaux mobiles terrestres). C'est RTL, depuis Paris, qui a sorti, la première, l'information.
Le propre patron du Sirpa Marine, qui devait embarquer sur le BPC Mistral avec ces journalistes, jeudi soir, est resté à terre pour gérer sa première communication de crise (il a rejoint le Sirpa Marine courant juillet), tout en préparant la venue du CEMM et d' Hervé Morin, aujourd'hui, à Toulon.
En ce type de cas, la communication de crise est, comme le reste, la résultante d'entraînements réguliers (drills, média trainings) et de protcoles stricts, codifiés dans un manuel, et qui ne souffrent de que peu d'écarts.
Comme elle a pris l'habitude de le faire, la Marine a publié plusieurs communiqué de presse -le 6e est tombé il y a trente minutes-, tout en diffusant également, dès ce matin, un grand nombre de photos d'archives, ce qui permet d'illustrer des articles. Même si cette pratique divise souvent les militaires, elle permet, en fait, de limiter, partiellement, ce qu'on appelle les "photos volées" : photos de l'entrée de la base aéronavale, ou photos du trafic aérien, prises de l'autre côté des clôtures. Dans ce même esprit, la BAN de Landivisiau a été ouverte aux caméras, vendredi : la marine montrant un certain nombre d'équipements de survie, et le Rafale lui-même. La prémar de Brest gardant la main sur la communication de terrain, comme celle de Toulon, pour les opérations de recherche.
La visite d'Hervé Morin, à bord du PACDG, étant restée strictement privée.
C'est le journaliste qui le dit, mieux vaut diffuser des éléments minimaux vérifiés, même fragmentaires, que rien du tout, ce qui alimente en général très vite des inexactitudes. Voire parfois, quelques franches erreurs : le journaliste, comme la nature, a horreur du vide.
Le fait d'effectuer une communication en plusieurs salves donnant l'impression de répondre au mieux des besoins de la presse. On le sait, cette communication est aussi, en général aussi la conséquence des questionnements, et tentatives de vérifications effectuées par les journalistes (1).
Cette communicaiton qui se veut proactive découle aussi du retex de plusieurs accidents précédents : on se souvient de l'emballement qui avait suivi le crash du premier Rafale, parce que les gendarmes et les enquêteurs portaient des tenues de protection. La communication du préfet (civil) n'avait pas réussi à débrouiller les esprits.
Par principe, en cas d'accident aérien, les identités et grades ne sont pas données avant communication à la famille, quelle que soit la nature du bilan humain (blessé, mort). Les éléments de carrière sont en général aussi rarement rapidement dévoilés, même si on l'a vu, on trouve toujours des exceptions.
Il faut aussi le comprendre, cette communication doit répondre aux besoins immédiats des journalistes, mais aussi (d'où son format minimaliste, malgré tout), à une nécessité de discrétion, tant que les deux épaves n'auront pas été récupérées, et leurs secrets, préservés de la curiosité. Et évidemment, il s'agit d'éviter d'effrayer les prospects exports, qui n'ont jamais été aussi nombreux.
Le Brésil a d'ores et déjà demandé à connaître la progression de l'enquête, et pas seulement ses résultats finaux, dont on ne sait pas quand ils tomberont.
Mais les prospects le savent, l'attrition fait partie de la vie opérationnelle d'un avion. F/A-18 et Gripen (concurrents du Rafale, au Brésil) ont déjà été perdus. Le Gripen a eu de gros soucis de jeunesse de commandes de vol, par exemple. Trois pertes de Rafale, en dix ans, restent un niveau faible, si l'on considère que cet avion a été engagé en Afghanistan par l'aéronavale dès 2001, et depuis 2007 par l'armée de l'Air.

Le + du Mamouth :
La marine détient une expertise en la matière avec ses préfectures maritimes, qui sont régulièrement engagées sur des communications de crise ou sur des sujet ssensibles (conséquences du Prestige, antinarco, etc). Le Sirpa a quant à lui eu son écot : malheurs à répétition du PACDG, collisions sous-marines, etc. Un volume de crises, qui au final, s'avère bénéfique pour la spécialité, mais pas pour ses effectifs, qui n'ont pas cessé de décroître depuis cinq ans.

(1) c'est notamment pour cela que le ministère de la défense maintient un point presse hebdomadaire, même bref (le dernier, jeudi, a été expédié en trente minutes chrono...) car ce rendez-vous physique (à tous les sens du terme) lui permet d'identifier les causes de curiosité de la presse, et de s'y préparer.

Rafale : les premiers débris retrouvés

Alors que l'on recherche encore le pilote du deuxième Rafale M, la marine vient d'annoncer à l'instant qu'elle a retrouvé les premiers débris -un morceau d'aile- d'un des appareils. Ces derniers ont été sortis de l'eau à une quarantaine de kilomètres du point où le premier pilote a été répêché, dès jeudi soir. Ce point est conforme, explique le communiqué de la marine, au calcul de dérive qui est à l'origine du plan de recherches.
La même source explique que l'Ailette a capté les balises de détresse des deux Rafale, ce qui confirme désormais bien que le deuxième appareil s'est donc perdu en mer, comme le premier.
Les moyens navals mis en oeuvre restent très importants : le BPC Mistral est sorti de l'exercice OTAN Loyal Midas, pour remplacer le PACDG. Le contre-amiral Philippe Coindreau, commandant adjoint de la force aéromaritime de réaction rapide, à Toulon, avait évoqué cette possibilité dès jeudi soir. Il est commandant de la force amphibie, et donc de la manoeuvre, pendant Loyal Midas. Le Mistral est partifculièrement adapté à des recherches de ce type, du fait de sa capacité à loger et permettre le déploiement dans le temps des équipes techniques et les matériels (péniches, hélicoptères) nécessaires.
L'aviso commandant Ducuing est également engagé dans les recherches, comme l'Ailette, et la vedette de gendarmerie Tech. La frégate Guépratte (type La Fayette) et une vedette des Douanes sont également prêts à partir de Toulon, au coup de sifflet.
Le ballet dans les airs demeure soutenu, aussi, depuis minuit. Un Lynx de la flottille 34F de Hyères a effectué un vol depuis le Mistral, ainsi qu'un ATL-2, 1 Falcon 50 (24F), un bimoteur F406 des Douanes basé à Hyères, et un Casa 212 de l'armée de l'Air espagnole, spécialisé dans la SAR.
La combinaison de vol du pilote porte une balise radio type 406 déclenchée par contact avec l'eau de mer, et une balise stéréoscopique.

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Cinq CVM pour un TACP "Air"

Cinq membres d'un TACP (tactical air control party, équipage de guidage des appuis) de l'armée de l'Air ont reçu la croix de la valeur militaire (CVM) pour leur engagement en Afghanistan, de juillet à septembre 2007. Ces aviateurs font tous partie du commando parachutiste de l'Air (CPA20) de Dijon : il s'agit notamment d'un sergent-chef, et de deux caporaux-chefs.
Le CPA20, spécialisé à l'origine dans la personnal recovery et les mesures actives de sûreté aérienne (MASA) avait amorcé, à l'époque, un virage stratégique qui les rapproche, aujourd'hui, des compétences des combat controller teams de l'US Air Force, chargés de guider les appuis feux et transport, compétence qui répond exactement aux besoins spécifiques du théâtre afghan, consommateur de TACP.
Théoriquement, aujourd'hui, pas un obus, pas une bombe ne peut sortir quitter un avion de combat sans l'accord d'un spécialiste, au sol. Le CPA20 est en passe d'aligner 15 TACP, dont un tiers pourrait en permanence être déployé en opérations. Trois TACP seraient actuellement déployés en Afghanistan.
Ces décorations interviennent quelques semaines à peine après la légion d'honneur remise personnellement par le CEMA à un autre commando parachutiste, appartenant, lui, au CPA10.

Les magiciens de Nancy

On trouve toujours des gens pour s'en étonner : nos six avions de combat volent quotidiennement, pour des missions réalisées au profit de tous les acteurs du théâtre afghan. C'est par contre toujours difficile de trouver les acteurs en question (1) : le magazine RAIDS du mois d'octobre en a retrouvé, chez les forces spéciales espagnoles.
Juan Pablo Lasterra raconte comment deux Mirage 2000D partis de Douchanbe -à la bourre apparemment- pour l'escorte d'un convoi dans le nord-ouest du pays évitèrent de gros soucis à une colonne afghano-espagnole, en août 2007. L'ANA prise à partie, le TACP armé par les commandos paras espagnols rameute "Magic 01" et "Magic 02" sur sa position. Après le premier show of force, un Mirage français largue sa première bombe GBU-12, puis la patrouille lâche, sur demande, ses trois dernières GBU-12, quelques minutes plus tard. Tout cela expliqué dans le détail : JP Lasterra dévoile notamment que le tir tribombe fut ciblé par le désignateur laser du TACP espagnol.
Le convoi sera définitivement tiré d'affaire par le soutien de F-15E et d'A129 espagnols.
Ce qui démontre, s'il était besoin, que le guidage des feux nécessite une formation poussée du JTAC, et un niveau de langue qui permettre une compréhension totale.
En moyenne, le délai de réaction à un TIC est de moins de dix minutes, en Afghanistan. Ce qui veut dire qu'un insurgé dispose de moins de dix minutes, pour réussir son attaque. Pour autant, et tout le monde l'aura compris, qu'au sol, on peut guider son tir.

Raids, 6,50 euros, en kiosque.

(1) Le même magazine avait raconté le SOF d'un Mirage 2000D, au profit du 3e RPIMa, en novembre 2008, dans son numéro de janvier 2009. Air & Cosmos de la semaine consacre également trois pages aux règles d'engagement du théâtre afghan.

Hervé Morin "trappé" au Jité de M6

Le sujet est bien parti de Kaboul, mais n'est jamais arrivé dans la lucarne de M6 à l'heure prévue. Et, faut-il le préciser, la transmission -il faut compter trente minutes de transmission pour un sujet de 90 secondes- a bien fonctionné. Arrivés en Afghanistan la semaine dernière, les confrères de M6 ont énvoyé, comme ceux de France 2 et de LCI un sujet consacré au déplacement d'Hervé Morin en Afghanistan, mais Neuilly-sur-Seine (le siège de M6) n'a pas diffusé, de quoi faire enrager le confrère, les conditions de travail en Afghanistan étant plutôt, rappelons-le, précaires et dangereuses. Chacun fait ce qu'il veut, c'est évident, mais si on ne veut pas, on n'envoie pas d'envoyés spéciaux. Il est difficile de s'expliquer ce choix du nouveau Jité de M6, l'engagement français en Afghanistan, ses finalités, ses moyens, et ses limites ayant une actualité certaine. Je n'y étais pas, mais d'après les témoignages des confrères présents, revenus plutôt très contents que pas contents, il y avait "abondance de biens" à traiter.

Le + du Mamouth :
Comme ce blog l'expliquait il y a quelques jours, l'Afghanistan reste un sujet médiatique limité, entre fait divers et soap, mais assez rarement de fond. Un militaire confiait récemment que les docu que M6 a consacré aux chasseurs alpins n'aurait vraisemblablement jamais vu le jour sans les (longs) passages consacrés à la vie de famille des militaires. Ce qui, à mon maigre avis, dessert plus qu'autre chose un documentaire de ce type. Et en tout cas, la compréhension de l'action de la France dans ce pays.

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Le 2e REI bientôt (presque) vide

Trois compagnies de combat et la CCL déployées en Afghanistan, une à Djibouti, et bientôt une autre partant pour la Côte d'Ivoire, avec l'état-major de la 6e BLB, comme DETLIC. Courant novembre, et pour quelques semaines, il n'y aura quasiment plus personne dans la caserne du 2e REI, à Nîmes.

vendredi 25 septembre 2009

Une, deux ou trois enquêtes

Alors que 24 heures se sont écoulées depuis que deux Rafale se sont abîmés en mer, au moins une enquête a déjà commencé : c'est celle du bureau enquêtes accidents de la Défense-Air (BEA-D Air). Cet organisme qui rapporte directement au ministre a été créé en 2003. Quand survient un accident aérien, le bureau constitue une équipe d'enquête, avec, dans ce cas-ci, un pilote de chasse, de préférence expert du Rafale, un spécialiste moteur, en général un officier mécanicien. Par ailleurs, des spécialistes de la DGA demeurent en permanence en astreinte pour accélérer la réactivité, en concours au BEA : il s'agit notamment de RESEDA (labo pour boîtes noires, ici l'ESPAR du Rafale), à Brétigny, et du CEPr (centre d'études des propulseurs) de Saclay, deux installations situées dans l'Essonne.
Dans un cas de crash terrestre, la scène est "gelée" afin de permettre le recueil d'éléments de compréhension. Dans le cas d'un événement survenu au-dessus de l'eau, la problématique est très différente. Un BSAH, l'Ailette, est parti pour la zone présumée du crash avec de l'équipement spécialisée. Selon la profondeur de la zone, on peut faire aussi bien appel à des plongeurs du CEPHISMER, ou à des robots sous-marins.
Pour l'instant, on n'a pas évoqué l'ouverture d'une enquête de type judiciaire. En 2005, l'expérience de la section judiciaire (une section de recherches depuis l'été 2009) de la gendarmerie de l'air avait été mise à profit, dans un crash de SEM, suite à une collision aviaire, en décembre 2005.
Pour l'instant, on n'a pas non plus évoqué l'ouverture d'une enquête de commandement (en général la première des trois à être lancée, mais pas forcément la plus rapide).
Hervé Morin, sans employer précisément aucun des trois termes, a seulement dédouané "a priori" l'avion et redit sa confiance à la communauté des pilotes d'essais. "C'est un accident de vol", a-t-il expliqué laconiquement, après s'être entretenu avec les personnels navigants et techniques du PACDG.
Un scénario difficile à appréhender vu le pedigree des deux pilotes, et le fait qu'ils avaient de surcroît effectué le plus difficile, apparemment, de leur essai. Seulement, il semble tout aussi impossible qu'Hervé Morin ait été aussi précis à peine 24 heures après la collision, sans éléments.
En tout état de cause, on n'a pas évoqué une quelconque interdiction de vol de la flotte Rafale française, qui représente actuellement un peu plus d'une cinquantaine d'avions.

Crash des Rafale M : les recherches se poursuivent

Les recherches se poursuivent activement cet après-midi pour retrouver en Méditerranée le pilote d'un des deux Rafale qui s'est abimé en mer, hier. La gendarmerie engage une vedette de surveillance, ainsi qu'un hélicoptère, tandis que la Marine a moblisé la frégate Courbet, et trois Dauphin (un Dauphin SP, et deux Dauphin Pedro du PACDG). L'Abeille Flandre a été chargée quant à elle d'opérer la localisation précise et la récupérations des éléments des deux Rafale. Chaque Rafale embarque un ESPAR (enregistreur statique de paramètres), dont le dérushage peut s'avérer utile pour la compréhension fine de l'évènement.
On le sait maintenant, les deux pilotes, dont l'un a donc été récupéré sain et sauf dès hier soir, appartiennent à la communauté des essais en vol (CEPA et ou DGA/CEV, ce point reste à clarifier). Comme tous les "chibanis" qui ouvrent les domaines de vol et les nouvelles configutrations, ils sont dotés d'une importante expérience (3.000 heures en moyenne) qui leur permettent de tutoyer les limites de l'enveloppe, tout en menant des essais techniques sur le système d'armes. Le CEPA, à l'instar du CEAM dans l'armée de l'Air est l'expert technico-opérationnel, et c'est notamment lui qui écrit le manuel de vol. CEV et CEPA opèrent de plus en plus en équipe d'essais intégrés, pour compresser les délais de mise en service.
La Marine n'a toujours pas précisé les conditions du probable abordage des deux avions, ni la nature précise de l'essai que les deux avions conduisaient. On peut imaginer qu'il s'agissait d'essais relatifs au standard F3, dont les optionnels vous ont été précisés hier sur ce blog (Reco-NG, ASMP-A). F3 étant capable, comme les autres, de ravitailler en vol un avion du même type, grâce à une nacelle Douglas, utilisée depuis 2004 sur Rafale.
Le site internet du ministère de la Défense relate le témoignage du pilote secourru hier : l'autre Rafale poursuivait son vol "après le choc" ou la "collision". Selon la même source, les deux avions n'emportaient "aucun armement", mais on le sait, un engin inerte ne peut pas être qualifié d'armement. Aucune précision n'est donnée sur la nature de l'essai, ce qui demeure un point troublant. Ou qui confirme nos hypothèses.



(crédit : Marine Nationale)

Le Rafale Marine (rappels)

31 Rafale M ont été livrés par Dassault Avation. Neuf appareils au standard F1 (air-air) sont actuellement sous cocon, à Landivisiau, en attente de rétrofit. Un dixième F1 (le M1, en fait) est utilisé par Dassault Aviation pour des évolutions de configuration. 19 appareils, essentiellement des F2, sont donc potentiellement en service au sein de la 12F, dont les effectifs et le parc sont appelés à se scinder avec la montée en puissance de la 11F, qui devra bientôt laisser ses SEM.
Les Rafale Marine ont été déployés en Afghanistan dès 2001, pour la défense aérienne du PACDG. Puis, en 2004, ils ont été qualifiés au ravitaillement en vol, permettant d'allonger les pattes des SEM. Ces nounous emportaient une nacelle Douglas, la même que celle déployée par les SEM.
En 2007, l'arrivée du standard F2 air-sol et du crash program Echo permet à l'appareil de tirer des GBU-12. En 2008, l'AASM est enfin qualifié, mais le porte-avions voit son service interrompu par l'IPER.
Les Marins disposent de l'expérience la plus ancienne de l'appareil. Ils ont acceuilli dans leurs rangs des pilotes de l'armée de l'Air (après que cette dernière a elle aussi reçu des pilotes de "Crouze" sur Mirage 2000 C et D).
Le standard F3 intègre de nouvelles capacités sur l'avion, avec l'emport de la nacelle de reconnaissance numérique Reco-NG (TOSA), doté d'une liaison de données permettant de transmettre la production en vol, gage d'une "fraîcheur" du renseignement.
Il intéresse spécifiquement les marins pour sa capacité à tirer l'Excocet de dernière génération (MBDA).
Il dispose également du pod de ciblage Damoclès (TOSA).
Enfin, il embarque l'arme nucléaire, l'ASMP-A (MBDA), qui sera mis en service sur Mirage 2000N la semaine prochaine, mais sur Rafale que l'an prochain.
Une fois que le Rafale disposera de toutes ces nouvelles briques, il deviendra possible de s'affranchir des SEM, sur le pont depuis plus de trente ans. Seuls subsisteront les derniers SEM S5 (nacelle Damoclès) au sien de la 17F.
60 Rafale M doivent théoriquement être livrés à la Marine. Deux ont été perdus, hier. L'appareil qui était sorti de piste en 2008 a repris les vols.

jeudi 24 septembre 2009

Deux Rafale s'écrasent en mer

Depuis le BPC Mistral

Deux Rafale Marine de la flottille 12F de Landivisiau se sont écrasés en mer ce soir vers 18h, à 30 km de Perpignan. Un des pilotes a été récupéré, et la marine s'affaire à retrouver le deuxième. Les appareils étaient en "mission d'essai", dans le cadre de la requalification du PACDG explique la marine. Ce dernier se trouve actuellement à 35 NM au sud de Toulon, et participe à un exercice de validation de la NRF14.
D'importants moyens de secours ont été engagés pour retrouver le pilote manquant. Il s'agit notamment d'une vedette de la SNSM, d'un ATL-2, d'un Dauphin SP, de deux Dauphin, d'un E-2C Hawkeye et d'un EC145 de la base sécurité civile, basé à Perpignan. Le Dauphin SP a décollé sous nos yeux, peu après 19 heures.
On ignore d'où ont décollé les deux Rafale, et quel était précisément "l'essai" évoqué par la marine qui qualifie actuellement le standard F3 (nucléaire). Des Rafale opèrent actuellement depuis la BAN de Nîmes.
Un Rafale de l'armée de l'Air avait été perdu le 6 décembre 2007, après ce qui avait été décrit comme la suite d'une "illusion sensorielle". La marine n'avait pas connu d'accident depuis le début de l'exploitation. Elle avait seulement enregistré des dégâts mineurs sur un appareil sorti de piste, à Lann-Bihoué (Morbihan).
La 12F est la seule flottille équipée pour l'instant de Rafale, avant la transformation prochaine de la flottille 11F.
Depuis 2001, la 12F a évolué à plusieurs reprises sur le théâtre afghan. La flottille n'avait pas perdu de pilote -et d'appareil- depuis qu'elle avait migré sur Rafale, après des accidents à répétition liés à l'obsolescence de son appareil précédent, le Crusader.

Le GCOS chez les marins

Le général de brigade Frédéric Beth, arrivé à Villacoublay début septembre poursuit sa découverte de terrain des unités de forces spéciales. Après une première immersion à la BFST, il est arrivé ce soir à Lorient, base des commandos marine.

L'effritement de la ressource drones se confirme

Les craintes de ce blog sont rarement infondées : seules trois missions de drones français ont été réalisés les sept derniers jours écoulés, en Afghanistan. Tous drones confondus.
Le potentiel drones de l'armée de l'Air est connu, avec deux engins disponibles à Bagram. Pour ce qui est de l'armée de Terre....

Norias d'An-124 pour La Fayette

L'EMA a mis en place un important circuit de projection pour permettre le déploiement de l'état-major de la future brigade La Fayette. 59 conteneurs de matériels divers ont été nécessaires, et des "enablers" du 6e RCS ont été injectés dès le mois d'août à Nijrab (Kapisa) pour leur faire bon accueil. La projection de France a été réalisée par voie maritime, vraisemblablement jusqu'aux EAU, d'où ils ont été engloutis dans des An-124. Une dizaine de rotations vers Kaboul ont été nécessaires. 80 avaient été nécessaires pour injecter le matériel nécessaire au GTIA Kapisa, mi-2008. Le même circuit passant par les EAU avait été retenu.
Les convois terrestres, de Kaboul à Nijrab ont été réalisés entre le 11 et le 17 septembre, à la cadence d'un par jour.

Famasoucis

La livraison hebdomadaire de TTU nous le rappelle, le FAMAS a régulièrement des soucis de munitions, évoquées à de multiples reprises sur ce blog, ce qui m'a valu, on peut l'imaginer, quelques solides inimitiés. Les arguments développés par le confrère rendent difficiles de mesurer les solutions qui s'offrent à l'armée de Terre. Alors même que l'ISTC oblige à tirer plus qu'avant des munitions réelles de plus en plus rares (et chères).
On le sait, des luttes d'influences au sein de l'armée de Terre se sont déclarées ces derniers dix-huit mois, pour régler le problème. Le projet d'achat en urgence de 1.800 HK416 en 2008, pour le théâtre afghan, avait été placé aux oubliettes, mais cela ne pourra pas forcément durer. D'autant plus que depuis, les effectifs ont été renforcés, dont il s'agit de plus d'armes...
L'autre "solution" étant de capturer les Famas G2 de la marine qui n'ont pas les mêmes problèmes de munitions que les F1 de l'armée de Terre et de l'Air. Mais pas non plus les mêmes périphériques (viseurs, lampes, etc).
L'armée de l'Air, elle, a réglé la solution, comme ce blog vous le rappelait, récemment : ses commandos de l'air sont progressivement dotés de HK416, et le premier déploiement est intervenu en juillet, en Afghanistan.

Comment renforcer sans renforcer

L'antienne va (re-)devenir d'actualité alors que l'OTAN et les Américains multiplient les appels du pied, en l'espace de quelques jours. C'est Rasmussen, le nouveau secrétaire général, qui a ouvert le bal, à Paris, début septembre, et le CEMA français a entendu un écho de demande de renforts, à Norfolk, où il s'était déplacé pour l'intronisation du SACT français, après une '"inspection" en Afghanistan.
Et mardi soir, les membres de l'OTAN ont vraisemblablement discuté ensemble du sujet, à New-York, avec un même constat : les opinions publiques sont farouchement contre.
On le sait, c'est aussi le cas chez nous. Dès lors, les recours, pour ne fâcher personne, sont plutôt limités : sortir des comptes ce qui n'est peut l'être, et engager sur le terrain ce que j'appellerais des "moyens furtifs" et des "multiplicateurs de force".
Pour la première solution, on a bien compris que les marins d'OEF-Océan Indien ne figureront plus dans les 3.700 militaires du théâtre, soit une économie oscillant entre 150 et 250 pax (au bas mot, l'équivalent d'une compagnie d'infanterie). Les 150 gendarmes, dont l'essentiel opèreront pourtant en toute première ligne (il n'y a pas plus près, d'ailleurs...) ne seront pas comptabilisés, tout simplement. Cela, c'est pour doper l'existant, et comme ce blog l'a déjà expliqué, l'existant en a besoin : avec deux compagnies d'infanterie seulement, les GTIA manquaient de "pep's" pour manoeuvrer ; une troisième sera donc la bienvenue.
Pour la seconde solution, les multiplicateurs de force ne sont pas légion. Surtout s'ils doivent rester dans la discrétion, tout en apportant une réelle plus-value aux yeux des Américains et de l'alliance, sans consommer trop d'effectifs. On voit là qu'on touche très vite aux capacités de renseignement et d'actions particulières, des capacités qui précisément figurent rarement dans les compte-rendus officiels. Et dans lesquels la France dispose de quelques atouts, mais pas forcément partout (le parc de drones n'est pas au mieux pour durer très longtemps, par exemple). L'atout "Forces spéciales", que le chef des armées avait préféré garder dans sa manche au sommet de Bucarest (avril 2008) redevient donc d'actualité.

Manger sa soupe avec un couteau

Lawrence nous l'avait dit, Sylvain Tesson nous le rappelle : "faire la guerre à une rebellion est lent et compliqué, comme de manger sa soupe avec un couteau". Pour l'illustrer au coeur de la TF Tigre, un trio improbable s'est formé, avec un écrivain (le précédent), un photographe (l'ancien chasseur alpin Thomas Goisque) et un peintre (Bertrand De Miollis). Un projet qu'il a fallu faire accepter à l'EMA, puisque le trio est resté assez longtemps sur place : on peut parler d'immersion, un genre rarement labouré car il génère ses contraites, pour l'hôte.
N'ayant pas de talent particulier pour juger l'art, je ne m'exprimerai pas sur les talents respectifs des auteurs. Le travail photographique est conséquent, et le rapport qualité-prix (160 pages pour 26 euros, mais le format me semble inadapté), favorable.
L'auditoire présent hier a manifestement apprécié l'expérience, jusqu'au propre CEMA. Notant, avec le franc-parler qu'on lui connaît, que peu de reportages de presse arrivaient à un tel résultat.
Pour cela, il faudrait probablement qu'on laisse aussi les journalistes faire de l'immersion.

Le + du Mamouth :
Après le double-documentaire télé réalisé pour M6 par un ancien chasseur alpin, puis un ouvrage enrichi de photos faites par un ancien chasseur alpin, doit encore sortir un ouvrage (annoncé aux presses de la Cité) écrit par un... officier de réserve du 27e BCA, l'historien Patrick de Gmeline. L'auteur de Commando d'Afrique (dont ce blog vous a parlé cet été) et d'un ouvrage consacré à Tom Morel, le héros des Glières, terminera donc un cycle particulièrement dense, évoquant les missions de nos chasseurs alpins en Kapisa. Un juste retour, diront certans, venant consacrer une transfiguration des héritiers de Tom Morel, qui n'ont pas mâché leur peine pour se préparer, puis en opérations. Où ils ont perdu un des leurs : le caporal-chef Nicolas Belda (1), le 14 mars 2009 : le livre "Haute tension" lui est dédié.

(1) N'oublions pas Laurent Pican, OMLT du 13e BCA, tué en 2007 par un suicide bomber.

37.900

37.900 militaires français des trois armées se sont succédées sur le théâtre afghan depuis octobre 2001. C'est le général Jean-Louis Georgelin, qui a cru bon de rappeler ce chiffre, ce soir, en marge de la présentation, aux Invalides, d'un ouvrage consacré au 27e BCA (1), en présence de quelques journalistes (2). Sans surprise, le CEMA a loué l'engagement de l'armée de Terre et de son chef : la première a fourni 24.000 soldats en huit ans, soit 63% du total. Cela représente peu, finalement, mais c'est lié à la présence importante des marins (6,600) : pas seulement les ouvreurs de théâtre venus de Hubert, les commandos marine d'Ares, mais aussi et surtout les passages de porte-avions -les premières bombes furent larguées par des SEM-, et bien évidemment, l'engagement de frégates et de SNA dans OEF, en Océan Indien. Dont le blog de Jean-Do nous apprend qu'ils ne seront plus, désormais, comptabilisés dans le théâtre afghan.
Les aviateurs, dont ce n'était pas la journée hier, n'ont pas été oubliés pour autant au registre des remerciements du CEMA, qui a rappelé qu'ils avaient été 7.300 à se succéder sur place. Le premier aéronef engagé dans OEF fut, rappelons-le, un Gabriel, suivi de peu par un Mirage IVP. Notamment chargé de repérer les bons terrains, de les caractériser. C'est ce qui permit à un Transall de la DOS "d'ouvrir la porte" à Mazar-e-Sharif.
Le général Georgelin a par ailleurs et à deux reprises dans son allocution fait référence à l'esprit "des Glières", et à celui qui l'incarnait en Kapisa avec ses chasseurs, le colonel Le Nen. Le même hommage, appuyé là aussi, a été rendu à un autre modeste, le colonel Aragonès, "héritier de Bigeard". Pas de bon chef qui ne soit "humble" et capable de "discernement", a-t-il ajouté. Une façon, peut-être, de clore une vieille phrase, maladroite ou mal comprise, qui avait alimenté le buzz dans les casernes, sur le registre de la "bigardisation" et de la "gliérisation".
La faute aux journalistes, comme d'habitude.

(1) Tesson/Goisque/De Miollis : "Haute Tension, des chasseurs alpins en Afghanistan", 26 euros chez Gallimard pour 160 pages de dessins et photos. Ces dernières, sont l'oeuvre d'un D700 et d'un doigt appartenant à Thomas Goisque, dont Raids (sur Commando School), comme le Figaro Magazine ont publié des reportages.
(2) étaient également présents le CEMAA, ainsi que plusieurs anciens CDC du 27e BCA.

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mercredi 23 septembre 2009

Roc Noir

Le GTIA formé autour du 13e BCA s'appellera Roc Noir, une référence historique du bataillon. En version américaine, cela donnera donc la Task Force (TF) "Black Rock". En Surobi, le GTIA composé autour du 2e REP n'aurait toujours pas officiellement de nom de baptême. Même si une solution évidente, Eagle (Aigle) s'impose d'elle même. En version corse, cela pourrait donner "Altor", qui reste cependant plus difficile, pour un anglo-saxon, à prononcer à la radio. Dimension importante, puisque les deux GTIA, formant Brigade Lafayette, seront déployés en RC-East, sous commandement de la 82nd Airborne. Comme on l'a vu avec la TF Korrigan (lire plus loin), les noms de GTIA n'excluent pas certains rappels culturels.

Rappels : les noms de baptême des précédents GTIA
Cette tradition s'est installée mi-2008, avec l'arrivée en Kapisa des troupes françaises, même si régulièrement, les TF ou TG (chez les forces spéciales) prennent souvent le nom de l'opération qu'il mène. Les forces spéciales implantés à Spin Boldak furent ainsi dénommées "TG Ares", suivis d'un chiffre romain désignant le tour. Jusqu'alors, le régiment formant le Batfra en prenait également le titre, suivi la aussi du numéro de tour.
. Le GTIA formé par le 8e RPIMa fut la TF Chimera ou Chimère, animal emblématique des paras colos.
. Le GTIA formé par le 27e BCA fut baptisé Tigre ou Tiger, en référence au nom emblématique donné, sauf erreur de ma part, par un autre Tigre, Clémenceau, au 27e BCA.
. Le GTIA formé par le 3e RIMa, qui lui a succédé en Kapisa, fut baptisé Korrigan ("petit nain" en breton) pour bien rappeler les origines celtes de deux de ses composantes (3e RIMa, 11e RAMa).
. Le GTIA 2e REI, implanté à cheval sur Warehouse et la Surobi s'appelle Dragon / Dragoon.

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Grosse mission pour les Typhoon

Le Helmand, c'est pas pour tout de suite pour les Typhoon de la RAF. Cinq exemplaires du fer de lance de l'aviation britannique sont déployés... aux Falklands depuis quelques heures. Ils y remplacent des Tornado, le type d'avion qui y était affecté depuis 17 ans, et qui, lui, est déployé à Kandahar.
On se souvient que les Falklands furent le théâtre d'une guerre brève et violente, mais que depuis 1982, on n'a pas connu de résurgence particulière des ambitions argentines sur l'archipel.
On se souvient aussi que le Typhoon était annoncé dès 2007 à Kandahar, à l'époque où le Rafale devait commencer ses vols sur l'Afghanistan. Par delà le cas particulièrement emblématique de la RAF, aucun des quatre pays disposant d'Eurofighter s'est d'ailleurs risqué à l'opérer en première ligne, en Afghanistan.

Le + du Mamouth :
Le Rafale, lui, arriva en Afghanistan en temps et en heure, après un crash program (Echo) qui devait lui adjoindre une capacité AGL qui ne faisait (curieusement) pas partie de son coeur d'excellence. Malgré quelques bugs de radio, on peut évaluer qu'il a poursuivi efficacement le travail initié depuis 2001 par les Rafale de la marine, sur ce théâtre. Les Rafale Air doivent d'ailleurs revenir à l'hiver, pour leur troisième passage dans la région.

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Thales montre son radar ABM au Mindef

Hervé Morin visitera ce jeudi l'établissement Thales de Limours en Hurepoix, spécialisé dans les radars terrestres, civils et militaires. Une visite d'une heure, si l'on en croit l'agenda, qui lui permettra notamment de croiser le radar M3R, capable de tracer la course d'un missile balistique. Le prototype d'antenne de ce radar, financé par la DGA, avait été dévoilé au dernier salon du Bourget, notamment au même Hervé Morin.
Le M3R constitue avec le satellite d'alerte, dont les briques sont développées par Astrium, les deux composants d'un système d'alerte avancée, auquel la France croit, mais qui perd un peu de terrain, dans les derniers développements en matière de désarmement. Ceci dit, les "rogue states", eux, n'ont pas changé leurs missiles d'épaule, donc tout cela garde un peu d'intérêt.
C'est également là que Thales assemble les radars des systèmes Aster, terrestre et naval, dont la marine a déjà été équipée, et que l'armée de l'Air reçoit juste.
C'est enfin aussi là que l'électronicien montre son radar de détection terrestre, proposé pour la proptection des FOB, et dont ce blog vous a déjà parlé.

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Silence nucléaire

La mise en service de l'ASMP-A, le 1er octobre, à Istres (Bouches-du-Rhône), le retour à la mer d'un SNLE qui avait collisionné avec un homologue britannique, la montée en puissance du premier SNLE/M-51, un tir de missile stratégique : rien de tout cela ne risque de faire la "une". Pas parce que c'est secret, mais parce que cela arrive au mauvais moment de l'agenda politique et diplomatique. L'agenda a donc dicté des consignes fermes et précises de silence.
Obama vient d'annoncer une réduction de voilure, et Gordon Brown lui-même, qui voulait réduire notre flotte de sous-marins, va réduire la sienne de 4 à 3, signale un site spécialisé (1). Qui signale, au passage, que les Britanniques ne pouront plus garantir la permanence d'un sous-marin à la mer. Ce que nous, malgré quelques soucis réels, avons réussi à faire, au prix d'un effort herculéen qui démontre la capacité d'adapatation de nos marins.
Le discours de Cherbourg, où notre propre président avait pris les devants (réduction des têtes et des vecteurs-missiles d'un tiers), est loin. Difficile, aujourd'hui de dire à Barack et Gordon qu'ils sont suivistes. Au moins, le liront-ils...

(1) http://www.corlobe.tk/article16011.html

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Les gendarmes à Jalalabad

Les 150 gendarmes français qui débarqueront en Afghanistan début novembre s'entraînent déjà avec les chasseurs alpins de la 27e BIM (1). Cet exercice, baptisé Jalalabad 2, est, a priori, leur dernière séance tactique avant projection. Il se déroule dans la région de Briançon (Alpes).
Les gendarmes ont été équipés de pied en cap, pour une mission qui s'annonce particulièrement risquée, particulièrement dans le versant "mentoring". La DGGN a souligné dès le départ que les partants disposent tous d'une première expérience en opérations extérieures, au Liban, en Côte d'Ivoire ou en Haïti.
L'entraînement a été également poussé au paroxysme du possible en France, retardant d'autant la projection en Afghanistan, prévue initialement dès le début de septembre.
Les gendarmes auront mis, on l'imagine, ces deux mois à profit. On leur fournit les gilets pareballes et casques de l'armée de Terre, qui a également cédé (sous une forme encore imprécisée) douze VAB. Deux servent à l'entraînement en France, et dix seront utilisés en Afghanistan. Des 4x4 blindés, vraisemblablement achetés sur étagère (ou loués, ce qui correspond plus à l'usage, sur place) serviront aux trajets dans Kaboul. Les gendarmes opérant comme mentors (POMLT) recevront des fusils d'assaut G36, tout en conservant leur arme de service, le SIG 2022.
C'est la première que le G36, bien connu des unités d'élite de l'Intérieur (GIGN, RAID, BRI, GIPN, etc) mais aussi de la Défense (GCP de la 11e BP, commandos marine) est utilisé en gendarmerie. Il a été préféré au FAMAS, sans doute du fait de son irréporochable fiabilité et d'un approvisionnement facile en munitions.
Comme ce blog l'a déjà expliqué, 20 personnels constitueront l'état-major, à Warehouse, une trentaine opèreront au centre régional de formation de Mazar-e-Sharif (RC-N), et le solde, comme POMLT, pour accompagner, conseiller l'AUP (afghan uniformed police).
21 gendarmes opèrent déjà en Afghanistan : 7 au sein de l'EUPOL, 7 comme prévots, et 9 au sein de l'ISAF. Parmi ces derniers, on trouve deux techniciens d'identification criminelle (TIC) qui traquent les indices permettant de remonter les filières de fabrication et de pose d'IED. Un protocole qui a permis à ces militaires d'aider, et sans doute d'éviter de gros ennuis à d'autres militaires, français et étrangers.
Dans un premier temps en tout cas, cette force sera rattachée au commandement militaire français sur place, puisque la force de gendarmerie européenne, cadre initial retenu, n'a toujours pas formellement été activée en Afghanistan.

(1) Le GTIA formé autour du 13e BCA comprendra également des appuis du 93e RAM (Mo 120mm, Caesar, TACP), du 4e RCh (AMX10RCR) et des pionners de la Légion, ainsi que des personnels spécialisés de la marine et de l'armée de l'Air.

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Les sénateurs socialistes dégaînent le 50-1

Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat a envoyé hier un courrier officiel à François Fillon, pour réclamer un débat au Parlement sur la situation en Afghanistan. L'élu se fonde sur l'article 50-1, qui doit déboucher sur une intervention du gouvernement. Le président du groupe socialiste veut voir précisées "la nature et les perspectives" de l'intervention française dans le pays.
Cette intervention du Premier Ministre déclenche débat puis vote, sans engagement de responsabilité.
Un débat qui élude, à la base toute polémique sur l'action des soldats français, pour les socialistes en tout cas, puisque ces derniers (ré)affirment, en fin de lettre, "leur solidarité pleine et entière avec les militaires français engagés en Afghanistan".

Le + du Mamouth :
Difficile de savoir si le gouvernement paie là, aux yeux des sénateurs socialistes, les trois nouveaux morts français, un déficit (évident) de communication, ou le désintérêt des Français pour cette mission noble. Symptomatique, l'impact médiatique du récent voyage d'Hervé Morin, qui emportait de nombreux journalistes (1) n'a pas déclenché, en France, un bombardement de sujets. L'explication coule de source : la Défense a du mal à intéresser durablement les grands média à son premier sujet de préoccupation. La réponse à ce sous-intérêt, conséquence ou cause de celui de la population, est sans doute dans... la presse.

(1) Entre autres : Radio-France, France 2, Paris-Match, Europe 1, LCI, M6, Le Monde, l'AFP.

Pour aller plus loin :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/09/rasmusceptique.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/08/in-numero-veritas.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/08/la-problematique-aoutienne.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/07/aux-finances-scoops-et-quelques-idees.html

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mardi 22 septembre 2009

Les portes de Dijon s'ouvrent aux civils

Depuis lundi, ce sont des civils qui sont postés à l'accès de la base aérienne 102 de Dijon. Comme Balard, cette base fait partie des expérimentations de nouveaux modes de filtrage. Le but étant à la fois de recentrer les gendarmes et les fusiliers-commandos sur leur coeur de métier respectif, et, il ne faut pas se le cacher, d'externaliser ce qui peut l'être, pour, pense-t-on, faire des économies de personnel.
Un pari logique, mais qui peut, on l'a vu à l'ilôt Saint Dominique, à Paris, générer son lot de surprises. Pour conduire à un renforcement du statu quo ante.
Pour plus d'une raison, ces bases feront donc l'objet d'une attention redoublée.
En tout état de cause, c'est bien le filtrage extérieur qui est externalisé, les gendarmes conservant des positions pour les accès les plus sensibles, sur certains sites.

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Le fait aérien en Afghanistan

Le CESA organise le 1er décembre un colloque consacré au fait aérien en Afghanistan. Les débats, qui s'annoncent prometteurs, se tiendront à l'école militaire, avec une approche croisée et globale. Avec, on s'en doute, des praticiens du domaine, et vraisemblablement, quelques étrangers.